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quartier général. Il dit bien qu’il y avait plusieurs ports, mais que c’est à Portus Itius qu’il réunit, à la veille de sa première expédition, la flotte qu’il avait fait construire l’été précédent pour sa guerre contre les Vénètes, et dont le plus fort noyau consistait en 80 navires de charge. Il parle aussi d’un autre port très voisin du port Itius, situé à une distance de 8 milles environ, qui paraît lui avoir servi d’annexé et dans lequel vinrent relâcher dix-huit de ces navires de charge destinés spécialement à la cavalerie ; et il désigne ce port supplémentaire tantôt sous le nom de « port ultérieur, » portus ulterior, tantôt sous celui de « port supérieur, » portus superior. Il mentionne enfin un autre mouillage situé un peu plus bas, paulo infra, que les deux ports qu’il vient de nommer, et où deux navires de charge poussés par le vent vinrent s’abriter quelque temps avant de pouvoir rejoindre le quartier général. César fixe encore à 800 le nombre de navires de toute catégorie qu’il fit armer pour sa seconde expédition, la première n’ayant été qu’une sorte de reconnaissance ; et il donne une indication précieuse sur l’étendue et la nature du port où elle était rassemblée en disant qu’à son retour, il fit tirer à sec tous les bateaux sur les berges, probablement pour les réparations et les opérations de radoub nécessaires après les avaries causées par l’expédition qu’ils venaient de faire. On sait que c’était l’usage constant de l’époque, de haler les bateaux à terre à l’entrée de la mauvaise saison à l’aide de rouleaux, palangæ, et de leviers, machinæ, et qu’on ne les remettait à flot qu’au moment du départ.

Ces détails si précis s’accommodent très bien à l’embouchure de la Liane et à ses abords immédiats, Ambleteuse au Nord, le Portel au Sud ; et on a quelque peine à comprendre les controverses des antiquaires qui ont placé un peu partout, sur les côtes de Flandre et de Picardie, l’importante station maritime que les Gaulois possédaient et que les Romains ont conservée pendant plusieurs siècles en face de la grande île britannique. On a, en effet, proposé tour à tour : sur la côte française, Saint-Omer, Gravelines, Calais, Sangatte, Vissant, Escalles, Ambleteuse et Etaples ; sur la côte belge, Mardick, Nieuwport, Bruges, l’Écluse à l’embouchure de l’Escaut, dans le Walcheren, et jusqu’à Gand, assez reculé aujourd’hui dans l’intérieur du pays, mais qui autrefois

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  1. Caesar, Bello qallico, 1. IV, XXI, XXII, XXIII, XXXVI et XXXVMMM et I. V, II.