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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 10.djvu/227

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tiques entre elles. Pour nous, écrivait le P. Secchi, il y a plus de quarante ans, « les corps regardés comme simples sont réellement des agrégats très complexes d’autres corps, finalement réductibles à une seule matière. » Depuis lors, les spéculations de la chimie contemporaine sur les rapports des corps simples, sur leurs analogies, sur leurs groupemens en séries, n’ont fait que donner plus de vraisemblance à l’hypothèse de l’unité de la matière. Les atomes des corps simples seraient alors des groupemens, des agrégats de particules communes.

Cette manière de voir remonte aux débuts de la chimie moderne. Le chimiste anglais Prout, au commencement du xixe siècle, avait cru observer que les poids atomiques des diiïérens corps étaient des multiples exacts de celui de l’hydrogène. D’après cela, les prétendus corps simples ne seraient autre chose que de l’hydrogène à différens états de condensation. L’oxygène serait de l’hydrogène 16 fois condensé, l’azote de l’hydrogène 14 fois condensé et ainsi des autres molalloïdes et métaux ; ou, pour parler le langage atomique, l’atome d’oxygène serait formé de 16 atomes d’hydrogène, celui de l’azote de 14, celui du chlore de 35, et ainsi de suite. L’hydrogène serait la substance universelle. La constitution des corps montrerait une majestueuse simplicité. Malheureusement pour cette doctrine, les déterminations de plus en plus perfectionnées des poids atomiques, au courant du siècle, et particulièrement celles de Stas, ne l’ont point confirmée. Les poids atomiques ne sont pas des multiples exacts de celui de l’hydrogène pris pour unité ; ce ne sont point des nombres entiers.

Plus tard, dans un mémoire célèbre publié en 1859, J-B. Dumas reprit la même idée fondamentale, mais en la modifiant très ingénieusement pour la conformer aux progrès de l’analyse. En comparant les poids atomiques dans diverses familles naturelles de corps simples, il crut remarquer que ces nombres atomiques ne différaient que par l’addition des divers multiples d’un même nombre. Les choses se passent ainsi en chimie organique. Là, dans une même série homologue, les radicaux ne diffèrent les uns des autres que par l’addition successive d’un même chaînon CH2 ; et leurs poids moléculaires par l’addition du nombre correspondant 14. — Il en serait de même pour les corps simples métalliques ; et, par exemple, dans la série des métaux alcalino-terreux, on passerait de l’atome magnésium, dont le poids est 12,