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du travail et la connaissance du personnel. Pour l’exécution dii travail, quoiqu’il ne descende pas tous les jours, il est garant de la bonne exploitation de ses deux ou trois fosses ; et, pour le recrutement du personnel, sur l’embauchage des ouvriers, l’ingénieur ordinaire propose, le divisionnaire décide. Il a de plus, au jour, la police des corons (villages ou plutôt cités ouvrières où sont logés la plupart des mineurs) ; il est le chef des gardes entre les mains de qui repose l’ordre de la mine et de ses alentours : c’est, par supplément à ses autres fonctions, le commissaire de police et le juge de paix de la mine.

Il y a un ingénieur ordinaire par fosse. Il veille à la propreté du charbon extrait de sa fosse, à l’entretien soigneux des galeries, à la marche régulière des machines du jour. C’est lui qui doit prévenir les accidens et y parer. Il tend sans cesse à obtenir par un meilleur rendement un meilleur prix de revient (facteurs inverses : quand le rendement augmente, le prix de revient diminue, et, quand le rendement diminue, le prix de revient augmente). Il écoute les réclamations des ouvriers, et arrange les difficultés courantes, sauf à soumettre au divisionnaire les grosses difficultés et les réclamations collectives. Pour reprendre une comparaison à laquelle le titre même de l’ingénieur divisionnaire invite, dans l’armée laborieuse de la mine, le divisionnaire commande une division, et l’ingénieur ordinaire une brigade.

Puis viennent les aspirans, les stagiaires, tout frais émoulus de l’école (en général l’École des mines de Saint-Étienne). Pour l’instant, ils n’ont aucun grade, et restent en dehors de la hiérarchie. Ils sont en expectative, ils attendent. Et, en attendant, pour s’instruire, ils s’occupent a de petits travaux, pratiquent ou surveillent des sondages, suivent l’ingénieur ordinaire dans sa visite quotidienne, s’initient au maniement des machines et des hommes, et à cette partie si importante d’une si vaste entreprise : la comptabilité. Lorsque leur professeur ou leur répétiteur, l’ingénieur ordinaire, s’absente, ils ne le remplacent même pas. On estime, en effet, que leur bagage théorique ne saurait suppléer à leur défaut d’expérience ; et l’on préfère, pour la durée du congé, s’en rapporter à la longue pratique du chef porion, sous l’œil, qui regarde d’un peu plus haut, mais plus froidement et plus sûrement, de l’ingénieur divisionnaire. Ils sont là de précaution, et comme par provision : s’ils y sont depuis un certain