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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 10.djvu/417

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ces précieux auxiliaires ; et on peut dire que leur fonctionnement régulier est la condition indispensable de sa vie.

C’est grâce à eux, en effet, que l’on peut assurer dans la grande rade foraine de Dunkerque, si bien protégée par les bancs de Flandre, des mouillages de 12 à 15 mètres aux plus basses mers sur un fond de sable d’une excellente tenue. Cette rade a sans doute une tendance à s’exhausser un peu et à voir diminuer ses fonds ; mais c’est un phénomène fort lent, qui n’a pas produit de modifications bien sensibles depuis près de deux siècles et dont les effets peuvent d’ailleurs être victorieusement combattus par les dragues, de plus en plus puissantes, dont on peut disposer aujourd’hui. Dans tous les cas, la fosse du large immédiatement voisine de la fosse littorale présente une seconde rade non moins bonne et dont l’avenir peut être considéré comme indéfini.

La situation géographique du port de Dunkerque lui procure en outre d’autres avantages non moins précieux et bien supérieurs à ceux du même ordre qui peuvent exister pour quelques autres de nos ports. Dunkerque est, en effet, mieux à portée de Londres qu’Amsterdam, Rotterdam et même Anvers. Il doit et peut être appuyé par la clientèle directe de la province la plus riche, la plus peuplée, la plus productive, la plus industrielle de la France. Il est naturellement indiqué pour être le port d’exportation de tous les produits qui y sont manufacturés ; et les charbons, extraits dans le bassin houiller tout à fait voisin, pourraient l’affranchir de l’invasion noire de l’Angleterre que l’on est obligé de subir partout sur nos côtes de l’Ouest. Au point de vue du transit enfin, il est aussi bien situé qu’Anvers par rapport à toute la région de l’Est, et en communication non moins directe que lui avec Nancy et Strasbourg par un réseau de voies navigables qui ne laissent aujourd’hui rien à désirer[1].

L’avenir de Dunkerque ne dépendait donc que de la volonté de l’homme et des sacrifices qu’il voudrait s’imposer pour le doter des installations indispensables à un grand établissement maritime. Ce qui lui manquait, il y a quelques années, c’était : en premier lieu, de la profondeur dans le chenal et à l’entrée ; en second lieu, de vastes surfaces de quais d’accostage le long de bassins à flot ; en troisième lieu enfin, un outillage perfectionné, permettant de remplacer les transbordemens lents et onéreux, à

  1. Port de Dunkerque. Travaux d’achèvement et d’extension. Rapport des ingénieurs, 10 octobre 1878.