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« Il nous en coûta gros tout le long de la route dans les auberges : ainsi, pour dîner, on nous demandait 50 sols et quelquefois un petit écu[1].

« Enfin, nous arrivâmes à Paris, le 19, à une heure après minuit : rien que pour un canapé où nous nous reposâmes en attendant le jour, sans manger ni boire, il nous en coûta un petit écu à chacun.

« Nous changeâmes alors de logement, M. Desperrier et moi, nous trouvâmes des chambres à l’Hôtel de Montauban où je suis encore... »

Sans perdre de temps, le jeune Gascon se mit à la recherche de ses compatriotes : il alla faire une visite à M. d’Arjuzon, fermier général, avec lequel il avait quelques liens de parenté. Celui-ci était veuf et habitait rue Louis-le-Grand avec son fils Gabriel, âgé de vingt-cinq ans, auquel Louis XVI avait accordé une dispense pour être admis à la Chambre des comptes, conseiller du Roi et receveur général des finances de Picardie et d’Artois, avant d’être majeur.

« M. d’Arjuzon me reçut avec toute l’honnêteté possible et m’invita deux fois de suite à diner. Je vis également son fils, qui est un très beau chevalier.

« Je fus ensuite chez M. Hiriart[2], de Bayonne, qui me fit voir les Tuileries et toutes les beautés de Paris. J’avais grand besoin de me distraire, car, de me trouver ainsi, je suis fort inquiet. »

Jean, cependant, n’était pas venu à Paris pour se promener et faire des visites, ses ressources s’épuisaient et il importait qu’il prît, sans retard, une décision au sujet de ses études.

Sagement, il résolut d’aller consulter M. Garat, qui était avocat et dont il avait connu la famille à Ustaritz. M. Garat demeurait rue Louis-le-Grand, dans la même maison que Suard, l’académicien.

Il fit un accueil amical au jeune homme et lui conseilla d’entrer, comme externe, au collège Mazarin.

Le 26 janvier, Jean écrivait à sa tante :

« M. Garat m’a fait entrer en philosophie au collège Mazarin ou des Quatre-Nations, situé quai Malaquais. Je continuerai à

  1. Trois francs.
  2. Mme Hiriart de Maraye, femme de Pierre Garat, médecin à Ustaritz, était la mère de Dominique-Joseph Garat, futur ministre de la Justice sous la Convention.