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On peut aussi attraper les moustiques au vol avec de petits filets analogues à ceux qui servent à la chasse aux papillons, mais d’un tissu plus léger et à manche plus court. On les fait passer de là dans des flacons munis d’un large entonnoir qui fonctionnent à la façon d’une nasse et qui sont d’un usage courant en entomologie.


Les moustiques ne sont point des insectes de haut vol : ils ne s’éloignent pas beaucoup du lieu où ils sont nés. Et, comme ils naissent dans des mares ou des flaques d’eau, d’œufs qui flottent à la surface ainsi que des radeaux, comme ils y passent la moitié de leur vie, c’est à-dire leurs âges de larve et de nymphe, ils ne se rencontrent jamais, quand ils sont devenus insectes à l’état parfait, qu’à proximité des eaux stagnantes. C’est donc dans le voisinage immédiat des habitations où s’exercent leurs ravages qu’il faut chercher leur foyer d’origine. Voilà les repaires qu’il faut essayer de détruire.

Comme les excursions des moustiques sont limitées en surface, elles le sont aussi en hauteur. Dans certaines contrées, les indigènes se mettent à l’abri de leurs piqûres en se réfugiant sur des arbres élevés. Dans les lieux habités, ces insectes envahissent surtout les rez-de-chaussée et les étages inférieurs. Ils sont rares aux étages supérieurs, sauf le cas particulier où ils prennent naissance dans les fosses fixes des maisons et remontent jusqu’aux toits par les tuyaux de ventilation. Dans les villes soumises au régime du tout-à l’égout, cet inconvénient n’est pas à craindre : le passage est interdit par des siphons infranchissables. Il peut encore arriver que la ponte des femelles et les premiers développemens de l’œuf se fassent dans les collections d’eau et de feuilles mortes qui obstruent les chéneaux mal nettoyés. Sauf ces deux cas, ils ne se rencontrent que dans les parties basses des maisons. Et ce fait était bien connu des anciens, puisque, au témoignage d’Hérodote, les Égyptiens se préservaient des piqûres de moustiques en dormant sur les terrasses les plus élevées de leurs habitations.

Un préjugé très répandu veut que les moustiques (et nous avons ici en vue surtout le cousin ordinaire, Culex pipiens) soient attirés par les lumières à l’intérieur des appartemens et qu’on ait des chances de s’en préserver en tenant les fenêtres closes aussitôt que les chambres sont éclairées. On imagine ainsi que ces insectes viennent, chaque soir, du dehors et qu’ils s’en retournent, chaque matin, après s’être gorgés du sang de leurs victimes. — Il y a beaucoup à reprendre dans cette manière de voir. Il est bien vrai que le moustique est un insecte de