Voix obtenues par les élus | Voix battues | Abstentions (y compris les bulletins blancs) | Total des voix non représentées | |
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p. 100 | p. 100 | p. 100 | p. 100 | |
Elections de 1877 | 49 | 32 | 19 | 51 |
— de 1881 | 45 | 24 | 31 | 35 |
— de 1885 | 43 | 34 | 23 | 57 |
— de 1889 | 45 | 32 | 23 | 55 |
— de 1893 | 44 | 26 | 30 | 56 |
— de 1898 | 46 | 30 | 24 | 54 |
— de 1902 | 46,9 | 29,9 | 23,2 | 53,1 |
Il résulte de ces chiffres que jamais, depuis l’origine du régime actuel, les Chambres n’ont représenté la majorité du pays. Quel qu’ait été le système adopté, scrutin de liste ou scrutin d’arrondissement, elles ont toujours été élues par une minorité.
Remarquons d’ailleurs que, dans notre pays si divisé, la majorité parlementaire est le plus souvent infime. Dans les débats importans, la Chambre se partage à peu près par moitié, et, tout récemment encore, le cabinet de M. Combes, posant la question de confiance, n’obtenait que 299 voix[1]. Ces 299 voix représentent 2 626 000 suffrages, sur 10 987 500 citoyens inscrits. Il est donc acquis que la loi, « expression de la volonté générale, » suivant la Déclaration des droits de l’homme, est faite aujourd’hui par 24 pour 100 des citoyens. Il n’y en a pas un sur quatre qui ait sa part dans la direction des affaires publiques, et 8 361 000 citoyens obéissent aux volontés exprimées par 2 626 000 autres citoyens.
Si la Chambre ne représente pas l’ensemble de la nation, peut-on dire au moins qu’elle représente cette fraction de la nation qui participe au scrutin, en d’autres termes que son opinion soit celle de la majorité des électeurs votans ? Ici, la question devient plus délicate.
Il est impossible de demander la réponse aux intéressés, car, dès le lendemain des élections, chaque parti entonne bruyamment un hymne triomphal, et prétend démontrer sa propre victoire. D’ailleurs, pour connaître avec certitude l’opinion politique des électeurs et des candidats, il faudrait avant tout que les uns
- ↑ Scrutin du 12 juin. Ce chiffre est établi après déduction des votes des députés coloniaux.