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encore « des Touareg, hommes et femmes, font boire leurs troupeaux au moment de notre arrivée. Ces gens sont des Azdjer qui campent autour de Tighammar sans jamais quitter ce point, sauf quelques hommes qui sont convoyeurs de caravanes et qui, par conséquent, s’absentent de façon intermittente. » Au puits même de Tighammar, « des multitudes d’ânes appartenant aux indigènes trottinent tout autour. » Et ainsi, tout le long de ce parcours de 2 500 kilomètres, on rencontre de ces groupes sédentaires. L’Adrar, par exemple, a une population fixe, « isolée en quelque sorte, qui ne sort guère de ses montagnes, et qui vit et meurt dans les ravins de l’Adrar, guidant ses maigres troupeaux dans des contrées absolument semblables au Ahaggar. » Un peu plus au sud, tout à fait au cœur du Sahara : « Il y a évidemment autour de nous, depuis le ouad Irsane, beaucoup de troupeaux ; leurs traces le prouvent surabondamment. » Au point culminant du trajet de la mission, entre 1 300 et 1 400 mètres d’altitude, on rencontre plusieurs troupeaux de chèvres conduits par des femmes. Dans la très dure excursion de Tadent au puits de Tadjenout, on trouve, à deux reprises, des traces nombreuses de Touareg, non pas pillards, mais conducteurs de troupeaux, chèvres, moutons, ânes[1]. Tout ce monde se sauve naturellement au passage de la mission. Quant au Sahara sud, il contient de nombreuses populations fixes, habitant des maisons tantôt en paillette, tantôt en bois, tantôt en pisé ou en briques, parfois même en pierre.


V

Suivons maintenant la mission saharienne dans ses principales étapes et voyons rapidement le caractère des diverses grandes sections de cet énorme pays. Des environs d’Ouargla à Aïn el-Hadjadj, on ne sort guère d’une plaine s’élevant lentement de 160 mètres d’altitude, hauteur d’Ouargla, à 470 mètres ; on suit d’abord des ghassis, couloirs généralement larges entre les dunes, puis une hamada ou sol de roc et une surface de reg ou de gravier et de pierres ; le pays est connu, les puits sont assez nombreux, les pacages convenablement fournis. Le lieu qui mérite le plus d’être noté dans cette partie du trajet est

  1. Mission saharienne, p. 46, 55, 57, 61, 67, 70, 71, 81, 97, 99, 102, 108, 118, etc.