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nous fait remonter un de ses affluens de gauche, où la végétation est fort belle et composée de gommiers, de graminées vertes et d’autres essences. On dirait presque d’une prairie émaillée d’arbres. » Notez que l’on est ici à peine au-dessous du 20e degré de latitude et à plus de 5 degrés au nord de la lisière septentrionale du Soudan. Le 23 février, « la mission arrive dans la grande et belle vallée de l’ouad Tidek… Le lit du Tidek contient de beaux arbres, gommiers et adjar… Sur ces arbres se trouvent en grand nombre des nids d’oiseaux. » On note « des traces nombreuses et fraîches d’ânes, de chameaux, de troupeaux de moutons et de chèvres. » Le 24 février, on est à Iferouane : « Au milieu de la verdure qui recouvre la rivière même, à notre gauche et la dominant, s’élèvent les troncs grêles et élancés de quelques dattiers ; des cases se cachent dans toute cette végétation, on entend le grincement des poulies des puits ; en somme, on sent la vie alors que, depuis des mois, tout était morne et inhabité sur notre route[1]. »

En ce qui concerne toute cette contrée de l’Aïr, qui s’étend sur une longueur d’environ 2 degrés et demi de latitude, la description des lieux, dans le Journal de M. Foureau, n’est nullement inférieure à celle de Barth. Partout il note de « très beaux gommiers,… d’énormes gommiers qui donnent une ombre bienfaisante, » des « touffes énormes d’abisga, » autre espèce arborescente ; « tous les ravins contiennent une belle végétation de gommiers, de Tamat, de Teboraq, de Tadent, de Djédari, de Korna, » mêlés à des Abisga et des Korunka, toutes variétés diverses des essences d’arbres du Sahara méridional ; « nous atteignons une sorte de confluent de plusieurs rivières, qui ont coulé récemment et qui sont très riches en arbres et très agréables à parcourir à cause de la délicieuse odeur que dégagent les fleurs de diverses variétés de gommiers. Ces gommiers portent des colonies de nids d’oiseaux… La liane Arenkad en recouvre d’autres et pousse avec une grande puissance. Des traces nombreuses de singes se voient nettement sur le sable des rivières. » Et plus loin : « La végétation arborescente est superbe et représentée par des grands gommiers, des Abisga, des Téboraq et des Tadent. » L’espace nous manque pour reproduire tous les passages admiratifs sur cette haute végétation du Sahara

  1. Mission saharienne, p. 154, 155, 159.