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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 12.djvu/483

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dont use le duc de Broglie nous causent de l’inquiétude. Qu’il faille être un « homme bien élevé » pour élever les autres, soit ; mais on n’a pas remarqué jusqu’ici que les élèves de l’enseignement libre fussent plus mal élevés que les autres. Pour ce qui est des qualités d’esprit qui rendent propres à exercer sur la jeunesse un ascendant salutaire, il n’y a certainement pas d’examen qui puisse les rendre manifestes chez un candidat, et l’examinateur sera libre de les reconnaître en lui ou de les lui contester à son gré. Mais ce qui nous semble le plus sujet à critique, c’est l’interrogation qui sera adressée aux candidats sur « les méthodes approuvées, les ouvrages qui font autorité en cette matière. » La liberté de l’enseignement consiste précisément dans celle des méthodes, et nous avons vu d’ailleurs avec satisfaction que l’inspection ne portera pas sur ces dernières. Mais alors, pourquoi les soumettre à un examen ? Demandera-t-on seulement au candidat de connaître ces méthodes, ou encore de les admirer ? L’obligera-t-on à avoir lu tous les livres qui font autorité en cette matière ? Ce qui fait autorité pour les uns ne le fait pas pour les autres.

Tout cela est vague, avons-nous dit ; et nous ajoutons que tout ce qui est vague prête à l’arbitraire. Nous accordons que le projet de M. Chaumié est moins mauvais qu’il n’aurait pu l’être ; , néanmoins, il gagnerait beaucoup à être émondé de certaines parties encombrantes et dangereuses. Nous y reviendrons : il suffit aujourd’hui d’en donner une idée générale, car il sera probablement le champ clos d’une grande bataille.


L’espace nous manque pour parler des élections américaines avec les développemens qui conviendraient. Non seulement la Chambre des représentans, mais un grand nombre de législatures des divers États viennent d’être renouvelées. Nous devons nous borner aux élections de la Chambre des représentans, quelque importance que les autres puissent avoir au point de vue des futures élections de sénateurs.

Le bilan des partis est facile à faire : le parti républicain actuellement au pouvoir, et qui y est depuis si longtemps déjà, a perdu une vingtaine de voix. Il en reste encore quelques-unes de douteuses. Il y a là pour les républicains un avertissement dont ils feront bien de tenir compte. Ce n’est pas la défaite, sans doute, mais c’est le déclin, et ce déclin est dû à des causes que tout le monde signalait d’avance. Tous les partis, en Amérique, ont le culte des intérêts matériels, et on ne saurait leur en faire un crime ; toutefois, ce culte est encore plus