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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 12.djvu/596

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de houillères qui leur fournissent le combustible ; toutes les trois appartiennent à des sociétés d’actionnaires ; elles ont pour raison sociale : la première, Compagnie des Forges, Fonderies et Aciéries de A… ; la deuxième, Société anonyme des Aciéries et Forges de B… ; la troisième, Société des Forges et Aciéries de la marine et des chemins de fer, à C… A toutes les trois enfin s’applique et convient parfaitement la définition donnée par Roland, dès les premiers jours de la grande industrie, et précédemment rappelée[1] : « Un vaste laboratoire, un immense atelier où les machines en grand sont communément mues par l’eau (ici une correction à faire : la vapeur a remplacé l’eau) ; une grosse forge, une forge d’ancres, une refonderie de fer, l’ensemble des martinets et des grands travaux sur cuivre, des fileries de fer, etc., sont des usines, qu’on distingue encore par la nature de l’objet particulier qu’on y exploite, comme un laminoir, le lieu où l’on fore le canon, etc. »

Oui vraiment, cette définition s’applique bien à nos trois usines, sauf encore que leur activité la déborde et la dépasse, comme la puissance de la très grande industrie d’aujourd’hui, engendrée de la grande industrie d’alors, déborde et dépasse l’idée que l’on en pouvait concevoir aux alentours de 1780. On devrait employer le singulier et non le pluriel, on devrait dire : une grosse forge, une forge d’ancres, une fonderie de fer, des fileries de fer, un laminoir, le lieu où l’on fore le canon sont une usine ; ce qui signifierait que l’usine est tout à la fois et tout ensemble tout cela : le lieu où l’on fore le canon, un ou plutôt des laminoirs, des fileries de fer, une fonderie de fer, une forge d’ancres, une grosse forge ; une agglomération de vastes laboratoires, d’immenses ateliers, où, sous l’action de machines en très grand (il en est une, à l’usine C, de dix mille chevaux de force), communément mues par la vapeur, on fond, on forge, on forme le fer et l’acier, on les durcit et on les assouplit, on les plie et on les dresse à cent autres usages inconnus il y a cent ans, on les façonne et on les trempe pour la conquête soit pacifique, soit belliqueuse, industrielle ou militaire, de la terre et de la mer. Tout cela, forges, fonderies et aciéries, les trois usines que nous allons décrire le sont donc, et l’une d’elles, l’usine B, possède en outre un haut-fourneau.

  1. Voyez la Revue du 15 mars 1901.