constituantes. Plus les parties considérées sont petites, plus grandes sont leur agitation et leurs évolutions.
Dans l’hypothèse cinétique, d’après laquelle les corps sont composés de molécules animées de mouvemens rapides, si nous pouvions apercevoir ces molécules, leur vitesse serait sans doute, comme le veut la théorie, de quelques centaines de mètres par seconde. Pour les derniers objets que nous pouvons apercevoir réellement, la vitesse brownienne n’est que de quelques millièmes de millimètre par seconde. C’est sans doute, conclut M. Gouy, que les particules qui présentent ce mouvement, ces particules de quelques millièmes de millimètre qui nous paraissent si petites, sont encore bien énormes par rapport aux molécules véritables. Dans cette façon de voir, le mouvement brownien n’est qu’un premier degré et une manifestation encore grossière des vibrations moléculaires qu’imagine la théorie cinétique.
Dans le mouvement brownien, nous sommes déjà confondus de voir la continuelle agitation, les déplacemens incessans de corps très petits. Mais, enfin, ces petites masses sont isolées, ces petits fragmens sont libres, ces particules matérielles ne sont pas gênées par leurs liaisons avec des particules voisines. Tout autre qu’un physicien pourrait croire que, dans les solides véritables, doués de cohésion, de ténacité, où les parties sont liées les unes aux autres, dont la forme et le volume sont arrêtés, il n’y a plus de mouvemens, de déplacement, d’agitations ou de changemens : c’est une erreur. La physique nous enseigne le contraire ; et, dans ces dernières années spécialement, elle en a fourni des exemples caractéristiques.
Il y a de véritables migrations de particules matérielles à travers les corps solides. Elles s’accomplissent sous l’action de forces diverses agissant de l’extérieur : des pressions, des tractions, des torsions ; d’autres fois, sous l’action de l’électricité ; d’autres fois, sous l’influence de la lumière ; quelquefois, par l’intervention des forces de diffusion. L’observation microscopique des alliages, par MM. H. et A. Le Chatelier, J. Hopkinson, Osmond, Charpy, J.-R. Benoit, et l’étude de leurs propriétés physiques et chimiques par MM. Calvert, Matthiessen, Riche, Roberts Austen, Lodge, Laurie et Ch.-Ed. Guillaume ; les expériences d’électrolyse du verre ; les curieux résultats de Bose sur le tact électrique des métaux, démontrent, d’une manière éclatante, les évolutions chimiques et cinétiques qui s’accomplissent à