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Ce sont donc bien les charges de Kellermann et de Bessières qui ont permis le succès de Desaix. Mais elles n’ont réussi que grâce à l’action préparatoire de l’artillerie et de l’infanterie.

À cette époque, l’emploi du combat à pied a presque complètement disparu. Cependant Napoléon veut reprendre les procédés de Turenne. Il tient à faire de ses dragons une troupe capable de combattre à pied comme l’infanterie. Pour mieux affirmer son intention, il rétablit le titre de colonel-général des dragons pour Baraguay d’Hilliers, qu’il charge de former cette arme nouvelle, Un camp d’instruction est établi à Compiègne et le nombre des régimens de dragons est augmenté aux dépens de celui des deux autres subdivisions de l’arme.

Baraguay d’Hilliers sollicite la permission de faire subir quelques changemens aux manœuvres de l’infanterie ; Napoléon refuse : il faut que les dragons puissent combattre exactement comme l’infanterie.

Une différence plus caractérisée dans la remonte des régimens achève alors de séparer les dragons de la cavalerie légère.

Dès le début des guerres de l’Empire, à Wertingen (8 octobre 1805), le rôle spécial rendu aux dragons par Napoléon s’affirme. Ce sont eux qui mettent pied à terre et enlèvent le village de Wertingen, maison par maison, pendant que les hussards et le reste de la cavalerie tournent la position à grande distance. En Espagne, le service d’escorte, de reconnaissance, de sûreté, etc., leur est surtout confié, et dans cette campagne il prend une importance capitale.

L’exemple le plus célèbre de combat à pied est celui de Valencia de San Juan (7 mars 1813). Le général Boyer surprend les Espagnols dans Valencia, avec 8 escadrons des 6e, 11e, 15e et 25e dragons et 200 hommes du 120e. Il avait, pendant la marche, désigné les escadrons des 6e, 11e et 15e pour combattre à pied. Les dragons entrent au galop dans la ville, mettent pied à terre dès que l’ennemi les aperçoit et marchent en avant la baïonnette croisée. Un escadron du 6e chasse les Espagnols d’un vieux château où ils s’étaient réfugiés. Pendant ce temps, le 25e passait l’Isla à la nage et coupait la retraite à l’ennemi.

« Toute la cavalerie doit être munie d’une arme à feu et savoir manœuvrer à pied, » dit Napoléon dans ses Commentaires. Néanmoins les dragons se sont complètement transformés en cavalerie légère. Ils font partie intégrante des masses