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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 12.djvu/936

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le même temps, note dans son Journal que le manque de franchise du prince à son égard lui ulcère le cœur. L’excellent homme avait évidemment trop présumé des possibilités de la pédagogie. Il avait voulu extraire de la poitrine de l’enfant le cœur qui s’y trouvait, pour lui substituer un autre cœur, un modeste petit cœur de fonctionnaire autrichien : et il s’étonnait, il se désolait de n’avoir réussi qu’à gâter le cœur qu’il rêvait de changer.


Lorsque l’empereur voulut donner à son petit-fils tout au moins un semblant de liberté, en l’autorisant à remplir sa charge d’officier, Dietrichstein s’opposa à ce projet avec une insistance passionnée. Requêtes à l’empereur, à Marie-Louise, aux ministres, il multipliait les démarches pour que le prince continuât à être tenu en cage. « Ma conscience est en repos, écrivait-il, le 26 août 1828, à Obenaus, j’ai fait tout ce que je pouvais. Mais je ne puis m’empêcher de plaindre le sort réservé au pauvre garçon, si, malgré vos avis, on s’obstine à vouloir le traiter comme un enfant ordinaire, oubliant tout ce qui fait de lui un cas absolument exceptionnel. » Ces lignes, mieux que tous les commentaires, expliquent dans quelles « voies, » et d’après quels principes, fut dirigée l’éducation du pauvre garçon, au sujet duquel Napoléon avait autrefois écrit : « J’aimerais mieux voir mon fils écorché vif que de le voir élevé à Vienne en prince autrichien. »


T. DE WYZEWA.