reconstituer dans son intégrité la grande figure de Dominique Larrey, dont les brillantes aquarelles de M. Marcel Pille nous retracent la carrière militaire et scientifique.
Si courte qu’elle ait été, elle n’est pas moins exemplaire, la vie du jeune enseigne de vaisseau Paul Henry, qui, avec l’aide de quelques matelots seulement, soutint pendant deux mois le siège du Pé-Tang et de l’évêché de Pékin contre les Boxeurs, et qui mourut victorieux en sauvant la mission confiée à sa garde et plus de trois mille personnes qui s’étaient mises sous la protection de la cathédrale et du drapeau français. En lisant ce Journal d’une beauté sereine, on suivra heure par heure les péripéties du siège, on saura par les lettres de Paul Henry lui-même à quelles sources chrétiennes il avait puisé la force calme, le mépris du danger… Jamais l’héroïsme ne parla une langue plus simple et plus française que dans ces lettres de Paul Henry et dans ces notes où M. René Bazin a retracé sa trop courte vie, sa fin sublime de marin loyal et brave comme un Breton de pure race[1].
Tous ces grands faits de l’histoire, ces souvenirs de la Défense nationale ramènent naturellement la pensée vers les Mémoires de Krüger[2], et quelles plus belles pages pourrait-on soumettre aux méditations des peuples que celles qui retracent dans sa noble simplicité la vie d’un homme de bien, d’un caractère élevé et digne, dont la conduite fut toujours droite, le courage surhumain, l’action bienfaisante et sainte ? Il se raconte lui-même depuis le jour où, vers l’âge de neuf ans, il quitta, à la suite de ses parens, modestes paysans, le territoire du Cap pour le grand trek, émigrant vers les contrées sauvages et inexplorées du Nord, jusqu’à l’heure, où, délégué en Europe, pour y tenter un dernier effort en faveur des républiques sud-africaines, il apprend, impuissant et désarmé, l’effondrement de sa patrie, la ruine et la mort de son peuple et des siens. L’histoire même de la dernière guerre et de ses phases n’a pu figurer dans les Mémoires de Krüger, puisqu’il n’y prit pas part personnellement, mais il nous fait le récit fidèle et détaillé de sa jeunesse, de ses débuts, de ses campagnes diverses, de la guerre civile de 1861-1864, de ses luttes contre les indigènes (1865-1868), de sa mission en Angleterre, suivie de la guerre de l’Indépendance (1880-1881) ; de sa présidence quatre fois renouvelée depuis 1883, et enfin des négociations qui ont précédé, mais n’ont pu empêcher la guerre. Avec quelle puissance d’évocation, quelle observation profonde, quelle émotion, quelle