Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il convenait de leur donner la consécration et l’autorité de la loi, et le 17 décembre 1897, sur la proposition de MM. Rabier, Berteaux et Jaurès, elle a voté (dirons-nous discuté ?) une loi sur le travail des mécaniciens, que 430 voix sanctionnaient contre 12 opposans seulement. Cette quasi-unanimité, en matière aussi délicate, est faite pour surprendre, et peut-être la Chambre comptait-elle sur le Sénat pour repousser un projet, que, d’ailleurs, le Gouvernement n’avait pas voulu s’engager à y soutenir.

Une nouvelle réglementation du travail, plus étroite que celle qu’avait édictée M. Jonnart, fut la première pensée de M. Baudin. Bien que cette aggravation ne leur parût pas justifiée par des considérations de sécurité, le concours des Compagnies ne lui fit pas défaut, et c’est d’accord avec elles que parurent successivement les trois arrêtés réglementant le travail de tous les agens dont le service intéressait, à des degrés divers, la sécurité : le 4 novembre 1899, pour les mécaniciens et pour les conducteurs de train ; le 23 novembre, pour les agens des gares ; le 10 octobre 1901, pour les agens de la voie.

Le Sénat examinait d’ailleurs la loi que la Chambre lui avait envoyée, avec la maturité qui lui est ordinaire, d’autant plus justifiée dans l’espèce, que le nécessaire avait été fait par le pouvoir exécutif. Il entendait les intéressés, l’avant-garde ardente des agens de chemins de fer aussi bien que les délégués des Compagnies, qui formaient naturellement la réserve, et fut enfin d’avis qu’il y avait convenance et possibilité de faire un pas en avant, et de le faire en lui donnant, sous la forme d’une loi, votée le 4 juin 1901, un caractère de stabilité utile, peut-être, mais fâcheux à la fois en raison même de sa rigidité.

Ce serait exagérer que de dire qu’un tel acte fut bien accueilli à la Chambre des députés, au moins par les promoteurs de la loi votée par elle en décembre 1897. La commission du travail se mit à l’œuvre, mais le contre-projet de M. Rose, son rapporteur, fut enveloppé dans le même dédain.

Dans cette question aussi importante, qu’une discussion un peu passionnée, il est permis de le dire, n’a pas contribué à éclaircir, nous essaierons d’apporter froidement un peu de lumière.

Nous examinerons d’abord le principe même de la loi, puis les conséquences financières de celles de ses dispositions qui empruntent à la sécurité leur raison d’être plus ou moins sérieuse. Nous examinerons ensuite la question des vacances, et surtout