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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/189

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classes dont le salaire fixe varie de 1 500 à 1 800 francs, auxquels s’ajoutent des primes qui varient du tiers à la moitié de celles de leurs mécaniciens. Leur salaire annuel moyen est actuellement de 2 414 francs.

Les conditions matérielles du service des mécaniciens sont plus pénibles que celles de beaucoup d’autres agens de chemins de fer, dont le salaire, d’ailleurs, est naturellement, et pour ce motif, très notablement inférieur au leur. Ils sont, plus que d’autres, exposés aux intempéries et, bien que robustes en général, ou le devenant par suite de leur travail au grand air, ils sont, plus que d’autres, sujets aux maladies des voies respiratoires, aux refroidissemens, aux rhumatismes.

Voici ce que nous indique à cet égard noire statistique de 1900 :

Pour l’ensemble de notre personnel, 77 468 agens, le nombre des journées de congé pour maladie a été, en 1900, de 751 025, soit 10 jours en moyenne par agent. Ce chiffre moyen a varié dans d’assez larges limites, suivant les professions : il a été de 5,5 pour les employés sédentaires, de 0,4 pour les agens de la voie travaillant toujours en plein air et vivant à la campagne ; de 9,8 pour les agens des gares et les ouvriers des ateliers et dépôts, de 14,3 pour les conducteurs de train, et de 21,7 pour les mécaniciens.

Quant à l’influence définitive de ces épreuves passagères sur leur organisme, que faut-il penser des allégations produites par M. Zévaes à la tribune de la Chambre le 14 novembre dernier (J. O., p. 2 166) et qu’il abrite derrière l’autorité du Dr Duchesne et de M. Sauvage, ancien directeur de la compagnie de l’Est ?

« Sauf quelques exceptions, disait le premier, lorsque les mécaniciens peuvent continuer à faire le service actif des locomotives, ils sont fatigués après dix ans, souffrans après quinze ans, et peu capables, après vingt ans, de faire leur service. » Que le livre du docteur Duchesne ait fait autorité, au point de vue scientifique, nous ne le contestons pas, non plus que l’exactitude de ses observations d’alors… Mais il date de quarante-quatre ans, les conditions du travail se sont, depuis, singulièrement modifiées et améliorées, et cette allégation, si elle tombait sous leurs yeux, ferait aujourd’hui sourire nos mécaniciens.

« La limite de 55 ans d’âge et de 25 ans de services, disait M. Sauvage, le 25 novembre 1861, nous a paru trop rigoureuse et presque impossible pour la majeure partie de notre personnel. »