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réseaux entre les artères à grande circulation et les petites lignes où la sécurité est évidemment beaucoup moins en question ?

Est-ce au nom de la sécurité qu’à la Chambre du moins, car le Sénat s’est gardé de suivre cet entraînement immodéré, on veut créer des conditions exceptionnelles et véritablement impossibles de retraite en faveur d’une catégorie de travailleurs déjà singulièrement privilégiée, si l’on en juge du moins par l’ardeur avec laquelle on en assiège les portes, avec laquelle les employés de chemins de fer, les meilleurs juges cependant en pareille matière, cherchent à y faire entrer leurs fils, à l’abri du chômage, ce grand fléau de tous les travailleurs, avec la certitude pour leurs vieux jours d’une retraite déjà assurée et très supérieure, à niveau égal, à celles des fonctionnaires de tout ordre de l’Etat lui-même. Et cela au prix d’un excédent de dépenses annuelles qui, poulies sept grands réseaux, représentait, avec le projet primitif de 1897, 32 millions, et qui, avec les extensions immodérées du projet voté en 1901, dépasserait beaucoup ce chiffre.

Total des dépenses annuelles nouvelles 76 millions, en prenant comme point de départ le projet de loi de 1897, et, avec celui de 1901, plus de 100 millions !

Voilà le résultat de tendances qui, si elles prenaient définitivement corps, auraient les conséquences les plus graves pour la situation financière de la plus importante de nos industries et, par répercussion, pour celle du pays même.

On rappelait récemment que de 3 122 000 000 en 1890, notre budget s’était élevé, en 1900, à 3 713 000 000. Je sais bien, pour le voir affiché sur les murailles de Paris, qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Il n’importe, et, dût-on passer pour un timide, ce n’est pas faire acte de mauvais citoyen que de prêcher la prudence.


G. NOBLEMAIRE.