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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/263

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travaillaient Jean Fouquet et Michel Colombe, pouvait être préféré à la Florence de Donatello, Luca della Robbia, Filippo Lippi, Benozzo Gozzoli, par un compatriote même de ces grands artistes, qui connaissait leurs œuvres, les comprenait, les admirait, mais qui était assez éclairé et restait assez impartial pour pouvoir leur en comparer d’autres.

Les ateliers, très célèbres, très occupés, de Fouquet et de Colombe n’étaient pas, d’ailleurs, les seuls où Florio et les autres amateurs pouvaient aller distraire et instruire leur dilettantisme. La présence de la cour amène à Tours, durant un demi-siècle, des artistes de plus en plus nombreux et divers. Au temps de Florio et de Fouquet, parmi les peintres, on connaît Mathurin Poyer et son fils, Jean Poyer, qui devait travailler plus tard pour Anne de Bretagne ; Piètre André, huissier de salle et peintre de Mgr d’Orléans, artiste très en vue et considérable, auquel on a attribué le Jugement dernier de la chapelle du château de Châteaudun et qui peignit, en 1472, un grand retable, la Nativité, pour Plessis-lès-Tours, Allart Folarlon, l’auteur de décorations murales à l’Hôtel de Ville, dont nous avons une description contemporaine ; Tassis Vinet, qui fit les cartons de plusieurs grandes verrières dans le même édifice. Tous ces collègues de Fouquet sont mis sur le même rang que lui, pour les honneurs et les profits, dans les pièces officielles, et ne devaient pas être des hommes médiocres. On voit aussi, de temps à autre, passer à Tours des artistes célèbres dans les provinces limitrophes : c’est Coppin Delft (d’origine hollandaise, d’après son nom), l’un des favoris du roi René, qui, en 1482, décore la chapelle du Dauphin dans la Basilique de Saint-Martin : c’est le laineux Jehan Perréal ou Jehan de Paris, architecte, décorateur, peintre, sculpteur, dont la résidence habituelle est la ville de Lyon, un prédécesseur, par l’activité et l’universalité, comme par les fonctions, de Primatice et de Le Brun et qui fournit des dessins d’ensemble aux sculpteurs de toute la France (c’est lui qui donna à Michel Colombe les projets du tombeau de la cathédrale de Nantes et des tombeaux de Brou). En 1472, il fait marché à Tours pour les cartons de la grande, verrière dans la cathédrale.

Dans ce centre actif et heureux, où s’élabora l’art de la première Renaissance française, l’art de la Loire, on trouve encore plus d’architectes, de sculpteurs, de tapissiers, d’orfèvres, de brodeurs, de huchiers, que de peintres. Leurs noms, et souvent