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L’attaque des Berâber était un indice sérieux : elle prouvait que nous trouverions toujours devant nous des nomades et des pillards, que les dunes et les areg sont comme le maquis du désert, d’où le brigand est toujours prêt à sortir inopinément et où il se retire comme dans un fort, et qu’il fallait recourir à l’organisation méthodique d’une Sainte-Hermandad saharienne. Mais, surtout, le fait que des Berâber, qui appartiennent bien certainement à une tribu marocaine, étaient venus attaquer notre nouvelle conquête, pouvait entraîner les plus déplorables conséquences ; non pas, nous le savions très bien, que le sultan ait le pouvoir d’empêcher une harka de Berâber d’aller piller où il lui plaît, mais parce que, si les Berâber venaient en masse nous attaquer sur la Zousfana, ou si nous étions obligés d’aller les châtier chez eux, les puissances étrangères pouvaient y chercher un prétexte pour ouvrir malgré nous cette « question marocaine, » que nous avions tant fait pour séparer bien nettement de celle du Touât.


VII

Bou-Amama, au printemps dernier, — c’est du moins ce que l’on racontait alors dans le Sud, — aurait dit à un Algérien qui se trouvait à Figuig : « Quand les Français seront las de semer des cadavres sur les routes du Touât, il faudra qu’ils s’en aillent. » Le marabout se trompait : nous ne nous en irons pas ; là où notre drapeau est planté, il reste ; mais il est certain que nous sommes las de sacrifier des hommes et de dépenser des millions pour la possession de territoires que nous aurions pu acquérir à bien moindres frais. L’alternative se pose donc très nettement : ou quitter les oasis du Touât, ou les organiser, et assurer leur sécurité avec le minimum de dépenses possible et de façon qu’aucune complication, dans le reste du monde, ne puisse jamais sortir de cette « opération de police algérienne. » D’évacuation, il ne pouvait en être question. L’œuvre d’organisation et de pacification a été, en ces derniers mois, poursuivie avec méthode et elle est en bonne voie d’achèvement : l’honneur et le mérite en reviennent surtout, il serait injuste de ne pas le dire, à l’homme d’intelligence et de volonté qui, successivement à Tanger, à Paris et à, Alger, a pris à cœur la liquidation définitive de « la question du Sud, » M. Paul Revoil.

Pacifier le Sud-Ouest algérien et le Touât en organisant les