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toutes les frais des transports à des de chameaux. Le Parlement a voté les fonds : 14 millions, mais malheureusement répartis par annuités de 2 500 000 francs, système qui semble donner une prime à la lenteur. Or, pour atteindre Igli, l’on compte 820 kilomètres, heureusement presque sans obstacles et sans travaux d’art. Puisque nous faisons le chemin de fer, nous avons intérêt à aller très vite pour économiser des transports. L’hiver dernier, rien n’a été fait ; mais dès son arrivée à Alger, le nouveau gouverneur général a immédiatement fait reprendre et pousser activement les travaux ; la locomotive atteindra incessamment Djenan-ed-Dar.

Enfin, le Touât n’est qu’un carrefour et une étape ; nous aurions pu souhaiter de faire une œuvre coloniale moins ingrate, plus rémunératrice que la police et l’organisation du Sahara ; mais, puisque la fatalité de notre expansion nous y oblige, acceptons la tâche de bon cœur et faisons-la du mieux que nous pourrons. Nous n’avons pas, quant à nous, grande confiance dans l’avenir de ce que l’on a appelé « la liaison de nos colonies africaines à travers le Sahara ; » mais il n’en est pas moins vrai que nous devons avoir une politique saharienne, appliquée avec les mêmes méthodes sur le Niger et dans le Sud-algérien, au nord du Tchad et au nord du Sénégal. Il serait utile de créer des troupes sahariennes, une police saharienne ; d’avoir aussi une politique économique saharienne comportant l’ouverture, le long de notre chemin de fer, de « ports francs » où les nomades viendraient s’approvisionner. Deux mesures viennent d’être prises qui seront des acheminemens à la réalisation de ces vœux. Un récent décret subordonne, pour toutes les affaires de frontières et du Sud, le général commandant le 19e corps au gouverneur général de l’Algérie. C’est assez, en effet, pour occuper l’activité d’un chef, des fonctions d’un de nos commandans de corps d’armée et de la préparation à la grande guerre, à laquelle, le cas échéant, le 19ecorps participerait comme les autres. Toutes les affaires purement algériennes seront, au contraire, du domaine du gouvernement général. Il est à espérer que bientôt cette mesure sera suivie de la création d’un commandement général du Sud ; n’est-il pas de toute évidence, en effet, qu’il faut à une besogne toute spéciale des hommes spéciaux, comme le sont nos officiers des affaires indigènes ? — L’on s’est plaint souvent, et avec raison, du décousu de notre action africaine et du