Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/562

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

largeur de 8 à 10 mètres et peuvent porter jusqu’à 1100 tonnes.

Comme le Rhin, l’Elbe coule dans le voisinage immédiat de gisemens houillers pour ainsi dire inépuisables : ce sont les lignites de Bohème, qui fournissent un combustible non seulement bon marché, mais excellent et souvent même préféré à la houille pour beaucoup d’industries et surtout pour les usages domestiques. Une circonstance éminemment favorable pour l’utilisation du fleuve est que les transports de charbons s’effectuent à la descente vers de grandes cités commerciales et industrielles comme Berlin, Dresde, Magdebourg ; enfin, à son embouchure, se trouve le port le plus important de l’Allemagne, qui fournit quantité de marchandises coloniales ou autres susceptibles de supporter des frets en remonte assez élevés, ce qui permet de réduire les tarifs à la descente[1].

Les autres grands fleuves, Weser, Oder, Vistule, Memel et Danube viennent loin derrière les deux précédens comme importance, car leur trafic total n’est que le cinquième de celui du Rhin et de l’Elbe réunis. Néanmoins, ils offrent près de 2 000 kilomètres de voies navigables, sur lesquelles la circulation atteint environ un milliard et demi de tonnes-kilomètres, avec une densité moyenne de 700 000 tonnes.

En définitive, par sa situation, son étendue, ses conditions de pente et de débit, le réseau fluvial de l’Allemagne constitue un moyen de transport bénéficiant d’avantages naturels remarquables. Il n’est donc pas surprenant qu’on se soit attaché à tirer tout le parti possible de cette situation en complétant l’œuvre de la nature par un certain nombre d’améliorations indispensables. On a d’abord effectué des travaux de régularisation, dont certains présentaient d’ailleurs autant d’utilité pour la défense des propriétés riveraines que pour la navigation ; on s’est efforcé ensuite d’unifier la profondeur du lit sur de longs parcours, de manière à permettre l’emploi de grands bateaux sans rompre charge. Le programme présenté à cet effet au Parlement prussien en 1879 est aujourd’hui réalisé, sauf sur la Moselle et sur l’Oder. Des travaux de canalisation ont été effectués sur environ 500 kilomètres de fleuves et de rivières, notamment sur le Mein, la Sprée, l’Oder supérieur et l’Ems.

Le réseau des canaux date, pour la plus grande partie, des

  1. L’Elbe, son trafic et ses tarifs, par Richard Pollak, secrétaire de l’Union de l’Elbe à Aussig.