desservent : en Allemagne, les fleuves et rivières en prennent, comme nous l’avons vu, les quatre cinquièmes, alors qu’en France, ils n’en retiennent pas la moitié[1]. Nous n’avons qu’un fleuve, la Seine, qui soit comparable, comme voie de transport, aux grands fleuves allemands ; encore est-ce grâce aux travaux de canalisation qui l’ont complètement transformée. Ensuite, à part l’Oise, qui est navigable sur 104 kilomètres, il n’existe aucune voie naturelle d’une certaine longueur donnant lieu à un trafic important[2]. La Loire et le Rhône sont difficilement utilisables pour la navigation, la première à cause de son volume d’eau insuffisant, et le second en raison de sa pente trop accentuée.
Nous n’avons donc pas, comme nos voisins, l’avantage de conditions hydrographiques naturellement favorables. Néanmoins nous sommes parvenus à créer, pour ainsi dire de toutes pièces, un réseau navigable utilisé sur une plus grande longueur et à certains égards plus perfectionné que celui de l’Allemagne. Car, tandis que celui-ci n’est accessible que sur 2 200 kilomètres aux bateaux calant lm, 75 au maximum, nous avons 6 000 kilomètres de voies dont le mouillage est au minimum de 2 mètres. Seule la longueur de nos écluses, qui n’atteint 38m, 50 que sur 4 800 kilomètres, fait encore obstacle à l’utilisation de bateaux de fort tonnage sur un plus grand parcours.
Depuis 1879, l’étendue des voies pourvues d’un mouillage de 2 mètres et d’écluses de grandes dimensions a triplé, et la longueur totale du réseau s’est accrue de 3 000 kilomètres, soit de près d’un tiers. Les dépenses faites par l’Etat pour ces travaux s’élèvent à une somme de 600 millions en chiffres ronds (non compris les crédits d’entretien), c’est-à-dire au double de ce qui a été dépensé en Allemagne pendant la même période et pour le même objet. En remontant jusqu’en 1820, époque la plus reculée qui permette des évaluations précises, on constate que l’Etat français a dépensé pour son réseau navigable environ 1 500 millions[3]. Pour l’Allemagne, la statistique des dépenses est beaucoup plus incertaine, mais on est d’accord sur des chiffres très inférieurs aux précédens. La dépense totale faite par la