Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 7.djvu/608

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dieu pour votre cher petit monde et pour vous, mon grand pécheur.

Quand nous reverrons-nous ?

Si je dois sécher ici sur ce rocher, il faudra que vous reveniez me voir, et ramener mes cendres dans la patrie.

Adieu, je vous embrasse de tout cœur.


Corbara, 4 mai 1881.

Mon cher ami,

Ai-je besoin de vous dire avec quel cœur je m’associe à votre deuil ?… moi qui sais combien les coups de la mort sont terribles, moi qui connais avec quelle tendresse vous savez aimer !

Je voudrais vous donner toute ma foi et toutes mes espérances divines. Il ne faut rien moins que Dieu pour nous consoler devant la mort. Sans Lui, elle est désespérante ; avec Lui, elle perd cette idée de néant qui révolte notre esprit, notre cœur, toute notre âme.

Comme je serais heureux de vous revoir ici ! Voilà le printemps ; il est plus séduisant que l’automne, et cependant vous rappelez-vous comme vous trouviez beaux nos soleils couchans et nos horizons !

Je travaille. Je me raffermis à outrance dans mes convictions supérieures, et je me prépare à les communiquer plus ardemment aux esprits qui ont besoin de croire et d’espérer.

Il faudra bien, mon cher sceptique très aimé, que vous vous réjouissiez un jour à ma lumière et que nous partagions ensemble les grandes joies des vrais croyans.

Adieu, je vous répète que vos souffrances sont les miennes et que je vous aime d’un cœur ardent. Tout vôtre.


Corbara, 14 juin 1881.

Mon cher ami,

Nous étions bien loin de compte, au mois d’octobre dernier, quand nous regardions comme prochaine la fin de l’exil. Les jours et les mois se sont écoulés ; d’atroces douleurs m’ont assailli, j’ai perdu ma pauvre mère, et les jours vont leur train sans que j’entende le moindre bruit de clé dans la serrure de ma prison.