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seule condition que, pendant un certain nombre d’années au moins, les droits de douanes actuellement en vigueur ne seraient pas augmentés.

L’Angleterre, la France, l’Allemagne, tiennent le premier rang sur la liste des nations qui font des échanges commerciaux avec le Maroc[1]. La Grande-Bretagne garde encore la première place, malgré la rude concurrence que lui font les produits allemands ; elle a fait, en 1899, un commerce d’environ 29 millions et demi de francs ; elle vend des cotonnades, des cotons en rame, des bougies, des thés, des draps ; elle achète des denrées alimentaires destinées surtout au ravitaillement de Gibraltar. Mais tandis que les échanges de l’Angleterre restent à peu près stationnaires, l’Allemagne réussit à lui enlever une partie du marché marocain ; le grand effort fait par les Allemands au Maghreb coïncide avec l’essor général des industries germaniques ; en quête de débouchés pour la pléthore de leurs produits, ils ont envoyé des missions pour étudier les ressources du pays et en préparer la mise en valeur. C’est ainsi que M. Théobald Fischer, le géographe bien connu de l’Université de Marbourg, a fait successivement, sur l’initiative des sociétés de géographie de Berlin et de Hambourg, deux voyages d’études dans les plaines de la côte ouest. Les bateaux allemands apportent des draps, des papiers ; ils exportent des laines, des huiles, des peaux, de la cire ; ils faisaient déjà, en 1899, un commerce de 7 millions et demi de francs, en augmentation notable sur les années précédentes ; ces chiffres ont été depuis en s’accroissant très rapidement. Les maisons allemandes, très actives et très avisées, ont envoyé des agens dans tous les ports de la côte ; elles ont su se plier aux goûts et aux besoins des indigènes, elles ont colporté ces articles médiocres, mais à bon marché, qu’elles fabriquent en masse pour l’exportation, et, déjà, elles ont enlevé aux vieilles maisons anglaises et françaises une part de leur clientèle. Ces succès rapides du commerce de l’empire devaient naturellement suggérer, parmi les « coloniaux » allemands, quelques aspirations plus ambitieuses ; peu à peu l’idée est apparue d’acquérir un port sur la côte de l’Atlantique et même d’occuper toutes ces plaines du Vorland qui bordent l’Océan et qui pourraient se transformer en un pays de

  1. Notons ici que les chiffres fournis par les douanes marocaines ne méritent qu’une très médiocre confiance. Les commerçans sont d’accord pour dire qu’il Faut majorer ces chiffres d’un tiers pour avoir une approximation assez exacte.