proclamant, la liberté et l’indépendance de Cuba, « nous voulons dire que les Cubains sont libres et indépendans, dans le sens où nous-mêmes, Américains, sommes libres et indépendans, et lorsque nous irons à Cuba nous devrons traiter ses habitans en peuple libre et indépendant ? » Enfin, dans un protocole daté du 27 octobre 1898, les négociateurs américains du traité de Paris ne s’exprimaient-ils pas catégoriquement ainsi : « Les commissaires américains ignorent sur quelle base repose cette assertion du memorandum espagnol, que les États-Unis ont dû reconnaître eux-mêmes que les Cubains n’étaient pas, quant à présent, aptes à jouir pleinement de la liberté et de la souveraineté. Il est vrai qu’il est fait mention de ce prétendu manque d’aptitude dans une note espagnole du 22 juillet dernier, mais le gouvernement des États-Unis, dans sa réponse du 30, a déclaré qu’il ne partageait point les craintes de l’Espagne à cet égard. »
Quant aux agressions extérieures, les États-Unis n’ont-ils pas su jusqu’ici en préserver leurs divers petits voisins sans qu’il fût besoin d’aucune garantie écrite ? La certitude que toute atteinte à l’indépendance de ces États serait considérée comme une provocation par quatre-vingt millions d’Américains n’a-t-elle pas suffi à en écarter les ambitions européennes ? Ne suffira-t-elle pas évidemment pour Cuba ? En vérité les craintes qu’on manifeste à Washington paraissent bien conçues pour les besoins de la cause.
Voyant l’émotion soulevée par ses prétentions, craignant même des troubles, voire une reprise de l’insurrection contre les Américains, le gouvernement de Washington essaya, qu’on nous passe le mot, de dorer la pilule aux Cubains. Le secrétaire pour la Guerre, duquel dépendent les affaires de l’île, fournit aux délégués de la Constituante, accourus aux États-Unis, des explications alambiquées et édulcorantes sur le sens de l’amendement, sur la façon dont les États-Unis comptaient l’interpréter Malheureusement ces explications, eussent-elles même été suffisantes pour atténuer un texte trop clair, ne pouvaient lier d’une manière permanente le gouvernement américain ; elles engageaient seulement l’homme qui les avait données et le Président qui l’avait autorisé à le faire. L’assemblée cubaine n’en affecta pas moins de les prendre au sérieux et, au mois de mai dernier, adopta l’amendement Platt comme appendice à la Constitution, en y joignant un second appendice contenant les explications du