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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 8.djvu/418

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noix d’arec, de feuilles de tabac, de cardamome, girofle, et autres aromates qu’on saupoudre enfin de chaux provenant de la calcination d’écailles d’huîtres, le tout combiné suivant le goût du consommateur, qui puise à son gré dans les différens compartimens renfermant ces drogues, à peu près comme un gourmet qui assaisonne une salade. Le besoin de cracher diminue ; l’estomac se fortifie ; les gencives se raffermissent, et l’haleine acquiert une odeur agréable. Ajoutons que le goût de ce mélange aromatique et astringent est de nature à satisfaire même le palais d’un Européen. Par exemple, la salive du consommateur acquiert une bizarre, couleur rouge, mais, ce qui est pire, les dents noircissent rapidement, puis se carient et enfin disparaissent, mais sans causer la moindre douleur. En somme, la mode du bétel se résume à sacrifier complètement les dents en faveur du bon fonctionnement de l’estomac, et certains médecins l’ont jugée plus utile que nuisible.


II

Sans remonter au temps des patriarches antérieurs au déluge, ni descendre non plus jusqu’à l’époque où la reine Jézabel peignait son visage, nous pouvons fournir quelques renseignemens assez curieux et plus précis qu’on ne serait tenté de le croire sur les artifices de toilette en usage dans l’antique Égypte des Pharaons. Nous mettrons à profit pour cela un intéressant travail, du professeur Fischer, de l’Université d’Erlangen.

L’Orient, comme on le, sait, se caractérise par l’immobilité de ses coutumes. Il y a quatre mille ans comme aujourd’hui, les femmes de cette région enduisaient leurs paupières, leurs sourcils et le coin de leurs yeux, pour les grandir, d’une substance noire à laquelle nous donnerons son nom moderne de Kolh. Le Kolh, dont se servit Jézabel, est le sulfure d’antimoine naturel, noirâtre comme la plupart des combinaisons du soufre avec les métaux ou les corps simples de nature semi-métallique, noirâtre aussi comme le sulfure de plomb, ou galène, plus commun et moins cher, qui, autrefois comme de nos jours, servait à falsifier l’antimoine sulfuré, Quelquefois jadis, et bien souvent aujourd’hui, on substitue le noir de fumée ou la plombagine aux sulfures métalliques.

On a trouvé à Achnim (Haute-Égypte) de petits sachets déposés