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note, celle où il est pris acte des assurances données par l’Angleterre et le Japon, il est question de la Chine et de la Corée, parce que les assurances anglo-japonaises portaient sur les deux pays ; mais, dans la seconde, celle où nous entrons nous-mêmes en scène, il n’est question que de la Chine, et nous nous contentons de prévoir le eus où, soit l’action agressive de tierces puissances, soit de nouveaux troubles dans ce pays, — dans celui-là et non pas, dans un autre, — mettraient en question son intégrité et son libre développement. Si, par surcroît, il en résultait une menace pour nos intérêts, nous aviserions. L’éventualité prévue est donc limitée à la, Chine, et le choix du moyen à employer pour la sauvegarde de nos intérêts reste indéterminé. Nous ne disons pas cela pour diminuer l’importance de la note, mais pour la préciser, car en pareille matière on ne saurait être trop précis.

La note n’en reste pas moins très importante, et l’extension qu’elle donne à notre alliance nous impose des réflexions très sérieuses. Nous ne serions pas du tout prêts à accepter que notre politique s’engageât d’avance sur tous les points du globe. Nous voulons, au contraire, qu’elle reste indépendante et libre. Mais, précisément pour ce motif, nous nous efforçons de marquer exactement les limites dans lesquelles notre diplomatie s’est tenue, afin de pouvoir dire : Rien de moins, certes, mais aussi rien de plus.

Au reste, la note franco-russe a été comprise partout, — M. Delcassé l’a déclaré à la Chambre, — « exactement comme nous devions souhaiter qu’elle le fût. » C’est seulement en France que l’incertitude sur sa portée a causé quelques préoccupations qui étaient certainement légitimes dans leur principe, mais, peut-être exagérées dans leur objet.

Au dernier moment, nous apprenons la mort de M. Cecil Rhodes, qui depuis plusieurs jours était à l’agonie. Cette nouvelle produira plus d’impression qu’elle n’aura de conséquences. La direction de son œuvre avait déjà échappé à M. Cecil Rhodes, et elle se continuera sans lui dans les conditions malheureusement violentes et sanglantes où il la laisse engagée.


FRANCIS CHARMES.

Le Directeur-Gérant, F. BRUNETIERE.