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LETTRES
DE
HIPPOLYTE TAINE[1]


A Prévost-Paradol.


Paris, 20 mars 1849.

Mon ami, excuse-moi moi-même ; il y a huit jours que j’aurais dû te répondre, et je ne l’ai pas pu ; j’ai, comme toi, un encombrement de travaux de toutes sortes dont je ne puis venir à bout. Compte d’abord les devoirs officiels, exigés, de grec, philosophie, histoire, latin, français ; ensuite la préparation à la licence, et la lecture d’environ trente ou quarante auteurs difficiles que nous aurons à expliquer à ce moment ; et enfin toutes mes études particulières de littérature, d’histoire, de philosophie. Tout cela marche de front, et j’ai toujours une quantité de choses sur le métier ; je me suis fait un grand plan d’études, et je destine ces trois années d’Ecole à le remplir en partie ; plus tard, je le compléterai ; je veux être philosophe, et, puisque tu entends maintenant tout le sens de ce mot, tu vois quelle suite de réflexions et quelles séries de connaissances me sont nécessaires ; si je voulais simplement soutenir un examen ou occuper une chaire, je n’aurais pas besoin de me fatiguer beaucoup ; il me suffirait d’une certaine provision de lectures, et d’une inviolable fidélité

  1. Les lettres qu’on va lire, choisies, par les éditeurs et par la famille de M. Taine, à l’intention des lecteurs de la Revue des Deux Mondes, sont extraites du premier volume de sa Correspondance, qui paraîtra prochainement à la librairie Hachette.