puissance, — allemande, française ou italienne, — reprendra le dessus. On pourra étudier alors les gisemens anglais autour de Gibraltar, de Malte, de Smyrne, de Chypre et du canal de Suez. Cette couche anglaise recouvrira presque partout le terrain français des XVIIIe et XVIIe siècles, installé déjà sous le flot anglais. Avant les Français, les Italiens avaient eu cinq ou six siècles de monopole : une épaisse couche italienne est encore visible en certains points. A leur tour, les Italiens avaient eu comme prédécesseurs les Arabes : on peut dire que cette période arabe, qui dura deux ou trois siècles, nous est presque inconnue, non pas faute de documens, mais faute d’exploration et d’étude. Il en est de même de la couche byzantine, qui, sous le mince feuillet arabe, nous conduit aux bancs épais, compacts et uniformes, des Romains et des Grecs : nous la connaissons très mal et nous l’étudions très peu. Sous elle, au contraire, les terrains de l’époque classique[nous sont familiers : nous en reconnaissons à première vue les échantillons et les fossiles ; Alexandrie et Laodicée, le Méandre et le Tibre, Rhodes et Marseille, Ostie et Panorme parlent à tous nos souvenirs. C’est l’arrière-fond de notre science historique. Ce sont là, croyons-nous, les plus vieux terrains de l’histoire méditerranéenne.
Mais considérez un peu cette couche gréco-romaine, et tout aussitôt, dans les gisemens les plus anciens, une étude, même superficielle, vous fera reconnaître des débris qui ne sont pas contemporains de la masse, qui n’ont pas glissé là non plus d’une couche postérieure, mais qui doivent provenir d’une couche plus ancienne encore. Ce sont : ou des noms de lieux qu’aucune étymologie grecque ni latine ne parvient à expliquer, Ida, Samos, Korinthos, Salamis, Rhéneia, Kasos, Massicus, Cumae, Oinotria, etc., ou des situations de villes contraires à toutes les théories des Grecs : Tirynthe, Chalcédoine, Astypalées, etc. ; ou des systèmes politiques, des amphictyonies de sept ports, dont la politique grecque ne donne ni le modèle ni la clef ; ou des routes de commerce jadis suivies on ne sait par quelles caravanes et abandonnées, semble-t-il, du jour où le peuple grec, maître de ses destinées, eut la conscience de ses propres besoins. Si, mis en éveil par ces constatations, vous cherchez quelque lumière dans le plus vieux document géographique des Grecs, je veux dire dans l’Odyssée, vous y retrouvez bientôt les mêmes mots et les mêmes phénomènes incompréhensibles. Noms,