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Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 9.djvu/480

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des contre-coups nuisibles qu’il s’agit de prévenir ou de détourner. En conséquence, elles se groupent conformément à leurs intérêts généraux. N’est-ce pas ce qui a eu lieu en Extrême-Orient comme en Orient ? Le comte Goluchowski fait un éloge assez imprévu des arrangemens de fraîche date qui ont été conclus en Extrême-Orient entre l’Angleterre et le Japon d’une part, la France et la Russie de l’autre. « Je voudrais citer, dit-il, comme exemple, le récent traité anglo-japonais concernant la Chine et la Corée, qui fut immédiatement suivi par la convention franco-russe. Leurs stipulations sont pénétrées du même esprit qui présida à l’établissement de notre propre Alliance. Là aussi se trouve exprimé le désir de prévenir les dangers qui pourraient résulter des questions d’Extrême-Orient pour la paix générale. Là aussi se trouve, en maintenant le statu quo et en assurant l’intégrité territoriale des États mentionnés, le moyen le plus efficace de supprimer les complications… Les avantages de ces situations internationales nettes et claires deviennent d’autant plus saillans que celles-ci n’excluent pas du tout les conventions particulières entre les puissances des différens groupes. » Le discours insiste sur ce dernier point. Si les puissances athées sont rapprochées par leurs intérêts généraux, il peut fort bien arriver aussi que leurs intérêts particuliers les rapprochent des puissances appartenant à un autre groupe. Elles sont alors en droit, sans manquer en aucune manière à leur premier engagement, d’en conclure de nouveaux qui n’y sont pas opposés. Ramenées à ces principes, les alliances européennes deviennent plus souples et laissent plus de liberté à leurs adhérens. Ici, le comte Goluchowski fait une allusion directe au rapprochement qui s’est opéré entre l’Italie et la France. Cela lui paraît excellent. Il n’y a aucune raison d’après lui pour que l’Italie, parce qu’elle est l’alliée de l’Allemagne et de l’Autriche, et la France parce qu’elle est celle de la Russie, ne s’entendent pas directement sur des intérêts spéciaux qui, en somme, ne regardent qu’elles. En parlant de la sorte, le comte Goluchowski fait preuve à la fois de largeur d’esprit et de bon sens. Mais il faut une mesure en tout, et il y aurait évidemment quelque chose d’excessif à dire que, tous les malentendus ayant été dissipés entre la France et Italie, celle-ci doit maintenir quand même dans son traité d’alliance les stipulations qui y avaient été insérées contre celle-là. Ce serait aller à l’encontre du but qu’elles ont poursuivi toutes deux.

Un député jeune-tchèque, M. Kramarz, a demandé au comte Goluchowski si les gouvernemens alliés verraient un inconvénient à