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non pas dans un manque de valeur, mais bien dans l’emploi de procédés de combat surannés.

Ce fait fut reconnu trop tard. Il avait déjà causé la mort de leur élite, et celle-ci n’a pas pu se remplacer.

Pour se rendre compte de l’évolution tactique dès maintenant acquise, il est nécessaire d’indiquer d’abord les procédés de combat de l’adversaire.


I

Tout a été dit sur la nature, le caractère, le mode d’existence des Boers. La vie rurale sur de vastes espaces parcourus à cheval dès l’enfance la carabine à la main, la chasse, et surtout de nombreuses guerres contre les Cafres, les avaient particulièrement préparés. La manière dont ils ont utilisé leurs aptitudes est moins connue. Les renseignemens qui suivent résument les parties concordantes des rapports d’officiers de différentes nations ayant vécu et combattu avec les commandos.

Dans ces groupemens, dont le district territorial est la base, il n’existe pas d’autre discipline que celle qui résulte de la volonté de chacun. L’effectif des présens varie sans cesse. Ceux qui éprouvent le besoin de rentrer chez eux quittent le commando, quelquefois même sans prévenir le chef qu’ils se sont donné, sauf à revenir quelques jours après, sans autre formalité.

Mais, il faut d’abord rappeler que les Boers avaient déjà fait la guerre aux Anglais. Le Transvaal, annexé par l’Angleterre le 12 avril 1877, s’était révolté le 16 décembre 1880. L’indépendance de la République fut proclamée et l’insurrection devint générale. Les forces anglaises, très peu nombreuses, subirent une série d’échecs tels que celui du 20 décembre, à Bronkhorspruit, près de Middelbourg, où deux compagnies du 94e d’infanterie durent se rendre, laissant sur le terrain 56 tués et 83 blessés. Cinq cents Boers avaient pris part au combat ; leurs pertes étaient de 1 tué et 5 blessés.

L’Angleterre envoya des renforts pour sauver les garnisons investies. Le général sir Pommeroy Colley n’attendit pas l’arrivée de toutes ses troupes, et, le 26 janvier 1881, il se porta de New-Castle sur Laings-nek, où les Boers avaient pris position. Le 28, il attaquait, avec deux bataillons d’infanterie, un détachement de marins, 170 cavaliers et 6 pièces, d’après les méthodes tactiques