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Pour éviter l’enveloppement, les Boers donnent au front de combat des dimensions extraordinaires par rapport aux effectifs. Ils ont montré dans la défense de ces fronts une grande ténacité, même lorsque des parties faiblement occupées étaient attaquées par des forces anglaises considérables. Ayant devant eux des champs de tir découverts, ils faisaient surtout usage du feu rapide ouvert à courte distance. Ils attachent une importance telle à ce procédé qu’il n’a pas été rare de les voir s’établir sur les contre-pentes, c’est-à-dire sur la pente du côté opposé à l’ennemi, pour s’assurer un glacis de 400 à 500 mètres.

Ce système a réussi tant que les Anglais n’ont pas manœuvré pour déborder les ailes. Mais, dès que l’un des flancs du déploiement était pris à revers, d’invraisemblables débâcles se produisaient. Sans ordres, sans prévenir, les commandos couraient à leurs chevaux et se sauvaient. Les débandades ne s’arrêtaient qu’au contact des convois laissés en arrière. Cependant, si les Anglais pressaient trop, quelques groupes de fusils, faisant arrière-garde, maintenaient l’adversaire à distance.

A partir du 29 juin 1900, la guerre de partisans, vigoureusement commencée par Dewel, amène un changement dans la tactique des Boers. Ils ont pris confiance et ils attaquent. Les commandos se déplacent rapidement pendant la nuit. Les chevaux marchent à une sorte d’amble (tribbler) qui permet de parcourir 8 kilomètres à l’heure, pendant plusieurs heures de suite. Les cavaliers ont sur leurs chevaux une couverture, un sac en toile plein d’eau, une petite provision de bell-tong (viande séchée) et, en bandoulière, les cartouches. Avant le jour, ils s’arrêtent dans un pli de terrain, se, couvrent avec des vedettes à pied placées à l’abri des vues et qui ne bougent pas de toute la journée, tandis que les chevaux broutent et que les hommes se reposent pour ne repartir que la nuit. Le pays paraît donc vide et les reconnaissances de l’adversaire peuvent passer près de forts rassemblemens sans les soupçonner.

Lorsque l’action est résolue, les commandos se partagent en groupes dont la force varie d’après le rôle qui leur est attribué. C’est ainsi que, le 16 juillet, 900 Boers se sont partagés en sept groupes pour attaquer, sur un front de près de 20 kilomètres, une série de postes tenus par 4 000 Australiens-Canadiens et autres coloniaux. Les groupes se portent d’abord derrière un abri, mettent pied à terre et y laissent leurs chevaux. Les tirail-