Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 9.djvu/748

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais là, après des pertes considérables, ils échouent. Ces troupes ne savent pas encore comment se peuvent mener les attaques.

Lord Roberts va indiquer une autre voie. L’évolution tactique s’achève. Elle aura pour théâtre l’État d’Orange. L’armée a été concentrée vers Modder-River et manœuvre d’abord contre le général Kronje. Elle est forte de 32 000 hommes d’infanterie, avec 11 000 de cavalerie ou d’infanterie montée, 11 batteries de campagne, 2 batteries d’obusiers, 8 pièces de marine et 3 canons automatiques (poms poms) pareils à ceux des Boers.

Pour saisir ce qui va suivre, un aperçu de la région est nécessaire.

La partie où se déroulent les opérations est une immense plaine d’un parcours facile, couverte de cette herbe du Veld qui fournit à tous les animaux du pays, chevaux, bœufs ou moutons, leur unique et substantielle nourriture. Parfois des mamelons de 20 à 25 mètres, appelés kopjes, surgissent soit isolés, soit, plus souvent, groupés comme les îlots d’un archipel. Dans ce dernier cas, leur altitude étant uniforme, ils donnent de loin l’impression d’une arête rectiligne continue. Mais il n’en est rien. Des plissemens, des gorges, au même niveau que la plaine, forment entre eux des couloirs, au-delà desquels se prolonge de nouveau l’étendue plate. Ces kopjes sont donc d’une défense difficile pour des troupes qui ne savent pas manœuvrer, car, leurs flancs n’étant pas appuyés, il est aisé de les déborder. Pour éviter le renouvellement des sévères leçons reçues dans les précédentes attaques, lord Roberts s’est décidé à faire marcher de nombreuses colonnes sur un front très étendu. Alors, quand l’une d’elles vient au contact de l’adversaire, elle s’arrête et le maintient sans s’engager à fond. Celles qui ne trouvent pas de résistance débordent les flancs de l’ennemi et le forcent à la retraite sous peine d’enveloppement.

Ainsi fut attaqué, puis enveloppé, le général Kronje à Paardeberg-Drift, le 18 février 1900. Il y capitula le 27, avec 38 officiers et 4 010 hommes dont 151 blessés. Il y a lieu de faire remarquer que 500 ou 600 femmes et enfans, qu’il avait eu la faiblesse de laisser rejoindre leurs maris ou leurs pères, ont entravé ses mouvemens.

Ce combat de Paardeberg mérite quelques détails. Les Boers se sont établis dans le lit de la rivière pour avoir un champ de tir étendu, plat, et la disposition de l’eau. Les Anglais dominent