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éclatant tout près d’eux, ayant même leurs vêtemens arrachés, se relever sans blessures. Au contraire, l’effet des shrapnels a toujours été redouté.

Le duel d’artillerie, qui était généralement, considéré comme le premier acte de la bataille, ne l’est plus. Les Boers ont montré l’intérêt qu’a souvent la défense à retarder l’ouverture de son feu et à ne révéler sa position que le plus tard possible. Ayant l’intuition des nécessités nouvelles, ils préféraient voir venir l’attaque, lui laisser prendre à bonne portée une forme mieux définie, pour l’écraser par un tir bien réglé.

Le morcellement des grosses masses d’artillerie est devenu la règle. Toute troupe d’infanterie, même faible, doit être en principe accompagnée de cavalerie pour l’éclairer et de canons pour protéger sa marche.

L’ancien axiome : « Le feu attire le feu » se trouve ainsi modifié : « La visibilité attire le feu. »

L’infanterie ne peut plus combattre que couchée. Aux courtes distances, elle ne progresse qu’en rampant. Pour remplir ces conditions et lui permettre les bonds rapides d’un abri à l’autre, elle est équipée sans sacs, avec une musette contenant ses vivres, un bonnet de police et quelques objets, puis, attachée sur les reins, une marmite individuelle et, par-dessus, la couverture de campement, roulée en cylindre. Une bandoulière, portée de gauche à droite, contient les cartouches dans leurs alvéoles. Ses vêtemens sont d’une couleur beige clair, appelée khaki. Sa coiffure est un large feutre mou, imperméable, couleur de terre, relevé à gauche, nommé slouch. Aucune pièce brillante dans la tenue. Les boutons sont en corne.

Les officiers, même les capitaines, sont habillés et équipés comme leurs hommes : ils ont la musette, la bandoulière et le fusil. Lorsque lord Roberts donna cet ordre et fit abandonner le sabre, aucune réclamation ne fut entendue. Sa nécessité avait été comprise.

Les armées empanachées ne sont plus de notre temps. Une coiffure voyante ne peut servir qu’à faire frapper la tête. Le feutre brun, qui abrite de la pluie et du soleil et facilite le tir couché, s’imposera partout, comme il s’est imposé aux Anglais. Les cartouchières portées à la ceinture ont été abandonnées pour adopter la bandoulière, qui est devenue d’un usage général pour l’infanterie comme pour les troupes montées. Dans le tir