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LA PREMIÈRE
CANDIDATURE HOHENZOLLERN
(1866)


I

La Convention de Gastein, comme l’avait prédit et voulu Bismarck, n’avait été qu’une trêve. Les discussions recommencèrent. Bismarck se plaignait que l’Autriche favorisât dans le Holstein les menées d’Augustenbourg : « La Convention avait divisé l’administration, mais laissé en commun la souveraineté, chacune des deux puissances devait garder intact le droit commun confié à sa gestion. » Il mit en demeure le cabinet de Vienne de s’expliquer. Il l’accusa de se rapprocher, dans une intention hostile, de l’ennemi commun : la Révolution, et de manquer à un engagement d’honneur en voulant disputer à la Prusse l’annexion des Duchés. Mensdorff ne contesta pas ce point de départ, mais, selon lui, le droit commun à sauvegarder était celui de la Diète, qui s’était prononcée en faveur d’Augustenbourg. Il dénia avec hauteur à Bismarck la faculté de contrôler les actes des agens de l’administration autrichienne dans le Holstein : « Le cabinet de Vienne s’était abstenu de relever les mesures prises par l’administration prussienne dans le Sleswig, bien qu’elles tendissent ‘ouvertement à l’annexion des Duchés ; il n’avait rien entrepris qui pût être considéré comme une violation du pacte de Gastein. » (7 février 1869.)

Bismarck eût voulu pousser à bout la querelle. Mais le Roi n’allait pas volontiers aux résolutions extrêmes. Il convoqua un grand conseil (28 février 1866) auquel, avec les ministres, assistèrent le Prince royal et les généraux Moltke, Manteuffel,