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division de cavalerie de la garde, commandée par le général-lieutenant von Winterfeld.

Ces deux officiers généraux sont âgés de cinquante-cinq ans.

Il résulte de l’ensemble de ces considérations que nous ne devrions avoir qu’une seule espèce de cavalerie : les dragons. En raison de nos casernemens, nos régimens resteraient à cinq escadrons, dont un de chasseurs éclaireurs, recrutés et instruits d’une manière spéciale et montés en chevaux de sang, car c’est une grave erreur de croire que n’importe quel cavalier peut faire un éclaireur ! Les autres escadrons utiliseraient les ressources normales dans les conditions actuelles, les remontes s’efforçant de leur donner des chevaux de galop, car la vitesse sur de longs parcours à travers champs est plus que jamais nécessaire. Les cuirassiers seraient donc transformés en dragons. Déjà Napoléon les armait pour combattre à pied. Le 12 novembre 1811, il écrit de Saint-Cloud, à Clarke, duc de Feltre, ministre de la Guerre : « Les régimens de cuirassiers de l’ancien régime avaient des mousquetons qu’ils portaient, non comme la cavalerie légère, suspendus en bandoulière, mais qu’ils portaient pour s’en servir comme de fusils... Mon intention est que chaque homme ait un fusil, que cela soit un mousqueton très court, porté de la manière la plus convenable aux cuirassiers, peu m’importe. J’ai déjà fait donner à la grosse cavalerie des mousquetons. A la paix, ils les ont renvoyés. Dans la dernière campagne, ils n’en ont pas eu. »

Le 26 décembre 1811, il ajoute : « J’ai pris un décret pour armer les cuirassiers d’un mousqueton et les lanciers d’une carabine. »

Enfin, le 15 février 1812, il ordonne : « Le mousqueton sera armé d’une baïonnette dont le fourreau s’attachera au ceinturon du sabre comme dans l’arme des dragons. »

Les cuirassiers firent la campagne de 1812 avec le mousqueton et la baïonnette.

Il faut savoir le reconnaître, les cuirassiers ne doivent leur existence qu’à notre sentimentalité. Nous leur savons gré de s’être fait détruire à Waterloo et à Reichshoffen. Une légende s’est créée, qui plaît à notre nation. Elle se personnifie dans ces charges désespérées et inutiles. L’auréole dont les cuirassiers sont entourés empêche leur transformation, cependant nécessaire. Le sentiment chez nous dominant la raison, personne n’ose toucher