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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 13.djvu/394

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Tant d’ors décomposés ont verdi dans ses eaux !
Crépuscules éteints en torches submergées ;
Jours clairs, où les rayons ont bordé de roseaux
Roses et irréels, ses berges ombragées ;
Matins qui font songer à des couchans plus beaux I

L’hiver qui la transit la fait neuve et morose,
Et l’ondoyant été pâlit ses soirs brumeux ;
Mais si le printemps nu l’effleure d’un pied rose,
Octobre y jettera ses fruits miraculeux
Et la corolle en sang de sa dernière rose.

III


Automne ! je te vois ; aux balcons ajourés
Dont le relief fleurit les façades du Louvre.
Tu rêves, et tu tiens entre tes doigts dorés
Une fleur de métal qui paraît vivre, et s’ouvre,
Et hausse jusqu’à toi ses feuillages cuivrés.

Sur ta tête éphémère et pourtant éternelle,
Le grand ciel nuageux suspend de noirs raisins.
Comme un bois jaunissant ta robe est triste et belle,
Ta chevelure tombe en grappes sur tes seins ;
Et tu descends vers l’eau, tu te penches sur elle.

La pourpre des forêts qui rougit ton orteil.
Trempe-la, belle Automne, en l’onde taciturne
Du fleuve qui, ce soir, au vieux Styx est pareil
Et, debout dans les plis de ton manteau nocturne,
Tends à quelque passeur l’obole du soleil !