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curieux et quasi comique, qu’elle narre elle-même sous la forme la plus piquante, peu de temps après la venue au monde de son fils. Cet incident met en scène à l’improviste sa belle-mère, qui lui avait semblé « bien baissée et bien affaiblie, » lorsqu’elle l’avait rencontrée au Congrès d’Aix-la-Chapelle.

« Je m’en vas vous conter une série de cacophonies qu’elle vient de nous faire et qui m’est tout à fait désagréable. J’accouche et mon mari s’empresse de le lui écrire ainsi qu’à l’Impératrice mère, et, comme celle-ci a toujours voulu être marraine de tous mes enfans, il dit à sa mère qu’il lui abandonne de le lui demander ou non à cette occasion, au cas qu’elle juge que l’Impératrice mère s’attend à cette demande ou qu’elle ne s’en soucie pas. Voilà que sur cette phrase, ma belle-mère imagine de dire à l’Impératrice que nous désirons non seulement l’avoir, elle, pour marraine, mais aussi l’Empereur pour parrain. Jamais nous n’avons songé à pareille chose et j’aurais eu vingt-quatre enfans que, jamais, je n’eusse eu l’indiscrétion de le demander. Enfin, voilà qu’elle bâcle l’affaire et nous mande que l’Empereur et l’Impératrice acceptent avec plaisir de tenir l’enfant sur les fonts, chose à laquelle nous n’avons jamais songé.

« Mais ce n’est pas fini. Avant encore de recevoir cette lettre, je lui écris que le régent, au mois de mai dernier encore, m’avait demandé lui-même à être parrain de l’enfant qui devait venir et qu’en conséquence, comme cela ne pouvait pas être honnêtement décliné, il tiendrait l’enfant et qu’il fallait l’appeler George. Ne voilà-t-il pas qu’elle raconte que par vanité, j’ai voulu avoir le régent pour parrain !

«… Je vous ai écrit toute cette bêtise parce que je serais fort aise, si l’occasion s’en présente pour vous, que vous expliquassiez cette affaire, dans laquelle ma belle-mère nous fait jouer gratuitement le plus sot rôle imaginable. Je n’ai jamais demandé personne et c’est absolument de mouvement spontané que le régent s’y est offert. J’avais même espéré qu’il aurait oublié cela et si bien que j’avais dit à Wellington, lorsqu’il vint me voir quelques jours après mes couches, qu’il fallait qu’il tînt mon garçon. Mais le régent n’a pas lâché prise et a fait venir mon mari pour lui en reparler. Il n’y avait rien à faire qu’à se soumettre. Le bon de l’affaire, c’est que, dans tout cet embarras et cette richesse de parrains, mon pauvre petit garçon n’est pas encore chrétien. Tantôt j’étais malade, tantôt le régent absent, et,