doivent être sur des principes éclairés, — ou bien le gouvernement ne peut plus se soutenir, — et Wellington veut rester premier ministre. L’émancipation des catholiques a passé aux Communes, mais les Pairs vont la rejeter[1]. Cette lutte entre les deux Chambres doit trouver son terme. Dans deux ou trois ans, les Pairs n’oseront plus dire non.
« Le Roi est bien pour nous ; s’il pouvait, il ferait, mais Wellington est obstiné comme un mulet, en même temps cependant qu’il cède dès qu’il y va de sa place. A propos, je vous mandais, je crois, que, de peur de nous prendre aux cheveux, je ne lui parlais jamais de nos affaires. Je vous avais à peine dit cela que nous voilà en scène. Elle a été si forte que je l’ai écrite de suite ; je m’en vais la chercher ; si je la retrouve, je la mettrai ici ; elle vous prouvera toute sa bienveillance pour la Russie et toute la force de sa logique.
« Wellington a su en imposer à la nation anglaise par je ne sais quel prestige. Durant huit jours après le changement dans le ministère, il y avait comme une insurrection contre ce quartier général qui prétendait gouverner l’Etat. A les entendre, le gouvernement ne pouvait pas tenir deux jours. Wellington s’est moqué des clameurs ; il a pris un air de défi et on en a eu peur. Tout médiocre qu’il soit, il a de la ruse ; il flatte les ultras ; il flatte surtout les libéraux. Sur la question catholique, ceux-ci sont aussi sûrs qu’il opérera leur émancipation que les autres le sont de son intolérance éternelle. Il est bien évident que les uns et les autres sont ses dupes ; mais, en attendant, chacun défend avec acharnement la probité de ce patron commun de deux principes extrêmes. En vérité, les peuples sont faciles à tromper ; c’est une réflexion qui vient tout naturellement lorsqu’on voit cette nation, réputée si sage et si pensante, devenir le jouet d’un ministre aussi médiocre…
« Le duc de Wellington persévère dans la marche plus conciliante et plus polie qu’il a adoptée. Peut-être ira-t-il dans cette nouvelle voie aussi loin qu’il était allé dans la voie contraire. Je ne me mêle pas de décider si ce qu’il fait maintenant est par contrainte ou par conviction ; malgré sa médiocrité, il a de la ruse dans l’esprit, et il a été si mauvais pour nous qu’il faudra bien du temps pour que ses bonnes façons me séduisent. Il s’est
- ↑ Mme de Liéven se trompait ; les Pairs votèrent comme les Communes.