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meurt-elle ? Sa mort est-elle précédée d’un vieillissement ou sénescence ? Quels en sont les signes avant-coureurs et les symptômes confirmés ?


IV

En principe, les êtres composés d’une cellule unique, protophytes et protozoaires, les algues et les champignons unicellulaires, les infusoires, échappent à la nécessité de la mort. Ils n’ont pas, sans doute, comme le remarque Weissmann, l’immortalité idéale des dieux de la mythologie qu’aucune blessure ne pouvait atteindre. Au contraire, ils sont infiniment vulnérables, fragiles, et périssables ; il en meurt à chaque instant des myriades. Mais leur mort n’est pas fatale ! Ils succombent à des accidens : jamais à la vieillesse.

Imaginons un de ces êtres placé dans un milieu de culture favorable au plein exercice de ses activités, et, d’ailleurs, d’une assez grande étendue pour n’être pas affecté par les infimes quantités de matériaux que l’animal pourra y puiser ou y rejeter. Que ce soit, par exemple, un infusoire dans un océan. Dans ce milieu invariable, l’être vit, s’accroît, grandit incessamment. Quand il a atteint les limites de taille fixées par son statut spécifique, il se divise en deux moitiés que rien ne distingue entre elles. Une de ses moitiés va coloniser dans son voisinage, et il recommence la même évolution. Il n’y a pas de raison pour que le fait ne se répète pas indéfiniment, puisque rien n’est changé ni dans le milieu ni dans l’animal.

Il ne faut pas demander pourquoi la cellule ne peut vivre indéfiniment sans s’accroître, ni s’accroître sans se multiplier. Telle est sa manière d’être. Elle est propre au protoplasma cellulaire vivant. Il n’y a pas autre chose à en dire. C’est un fait irréductible, une propriété vitale, la base fondamentale de la faculté de génération.

En résumé, les phénomènes qui s’accomplissent dans la cellule du protozoaire ne comportent pas de cause d’arrêt. Le milieu permet à l’organisme de se ravitailler et de se décharger de telle manière, avec une telle perfection, que l’animal est toujours en régime régulier, et que, sauf son accroissement et, ultérieurement, sa division, il n’y a rien de changé en lui.

L’immortalité appartient ainsi, en principe, à tous les