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LES
PRUSSIENS EN 1813

L’ARMÉE DE SILÉSIE, BLÜCHER ET LA KATZBACH

Les historiens et les patriotes allemands ont plus d’une fois exagéré l’action considérable que les Prussiens ont exercée dans la campagne d’automne de 1813.

On avait relégué les troupes et les généraux prussiens sur les théâtres secondaires d’opérations, loin du quartier général des souverains, loin des cénacles où s’élaboraient avec quelque lenteur, sous la haute direction de l’empereur Alexandre, sous l’influence des méthodes autrichiennes, sous la direction nominale d’un chef autrichien, les grandes résolutions politiques et militaires. Malgré cette sorte de relégation, les Prussiens ont réussi, par leur vigueur, par leurs initiatives, par leurs actes propres, comme aussi par l’impulsion qu’ils surent imposer au grand quartier général lui-même, à imprimer plus d’une fois aux opérations de la campagne d’automne le caractère audacieux et vigoureux de leurs méthodes de guerre.

Il est donc très légitime d’opposer l’ardeur et l’esprit d’initiative des chefs prussiens en 1813, à la prudence et aux timidités des Autrichiens et de Bernadotte. Mais c’est compromettre les plus justes thèses que de les exagérer. Les Prussiens ne furent pas seuls à se montrer vigoureux en 1813 ; et, à tout prendre, peut-être les prudences du grand quartier général ont-elles encore rendu quelques services à la coalition, même au regard du Napoléon affaibli et diminué de 1813.