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conduite par leurs chefs de cavalerie les plus célèbres, par Katzeler et par Jurgasz, crut le moment venu de compléter les premiers succès de l’infanterie. Elle s’engagea tout entière ; mais elle se heurta à la cavalerie de Sébastiani, qui la repoussa dans le désordre le plus complet. Un combat de cavalerie long et acharné s’engagea alors. « J’ai tenu six heures, » écrivait Sébastiani, « sous une canonnade horrible et devant des forces sans aucune espèce de proportion avec les miennes. Nous avons toujours chargé aux cris répétés de : Vive l’Empereur ! » Et le chef du 2e corps de cavalerie n’était pas seul à rendre hommage à ses troupes. Le 2 septembre, après la retraite, Lauriston écrivait à l’Empereur : « La cavalerie du 2e corps est bonne, elle a fait le 26 des choses que l’on aurait à peine attendues de vieux cavaliers. » La cavalerie prussienne, rejetée avec perte, dut venir s’abriter derrière les carrés de l’infanterie de York. « Pourvu, » disait Jurgasz, « que le général ne voie pas cette cochonnerie. »

Mais tandis que la cavalerie du corps prussien subissait cet échec, Blücher portait son armée en avant. Le corps russe de Sacken marqua son offensive. Blücher lui-même prit la tête de la cavalerie russe, à laquelle il agrégea les restes de la cavalerie prussienne. Et, dans un dernier effort, la charge de ces masses énormes brisa la résistance des Français. La retraite prit bientôt l’aspect d’une déroute. L’artillerie française était restée sur le plateau, à sa position de batterie, enfoncée dans les terres ; toute l’armée dévalait pêle-mêle, dans un désordre inexprimable, les défilés qu’elle avait si péniblement franchis le matin ; elle trouvait, au bas des pentes, les ponts emportés ; les torrens grossis par les pluies engloutissaient les fuyards. En vain, les troupes du 3e corps avaient franchi la Katzbach et s’étaient montrées sur le plateau à la fin de la journée ; elles s’étaient heurtées aux troupes victorieuses de Sacken. En vain, le corps de Lauriston avait poussé devant lui le corps de Langoron, qui s’était mollement défendu, ayant jugé de son côté qu’il n’y avait pas lieu de livrer bataille. Macdonald dut donner le soir à Lauriston l’ordre de battre en retraite.

La journée de la Katzbach a eu des conséquences considérables. Mais la rencontre en elle-même ne fut point, parmi les combats livrés par l’armée de Silésie dans la seconde quinzaine d’août, l’une des plus meurtrières. Elle n’avait coûté au corps prussien que 874 hommes tués ou blessés. Il fallut tous les