l’énergie. On sait tout ce qui entre ; on analyse et mesure tout ce qui sort. L’énergie mesurée en chaleur dans le calorimètre est confrontée avec celle qui est calculée au moyen du bilan de la matière. On les compare : l’accord existe au millième. Le budget des Etats-Unis n’est pas mieux réglé : on trouve 9102 calories d’un côté, 9 239 de l’autre. Mais, tout de même, lorsque, avec M. J. Lefèvre, l’on regarde les chiffres de près, on éprouve certains étonnemens. Tout le carbone retenu est évalué en graisse et donne le chiffre 623. On peut se demander pourquoi on ne l’évalue pas en glycogène. Alors le chiffre serait réduit de moitié. Ce serait le déficit, le hideux déficit.
Il y a deux intéressantes questions de théorie engagées ici : celle du rôle thermique de l’aliment, et celle des bornes de l’isodynamie. Il est piquant de remarquer qu’un lecteur de la Revue des Deux Mondes est aussi bien renseigné que personne sur ces questions s’il a lu avec attention une étude sur la physiologie de l’alimentation publiée dans le numéro du 1er novembre 1898. Il n’ignore pas, non plus, que les expériences antérieures de von Noorden et de ses élèves, Stammreich et Miura, avaient abouti à un résultat exactement contraire à celui d’Atwater. Il en résultait que l’alcool ne peut pas être substitué, dans une ration d’entretien, à une quantité exactement isodyname d’hydrates de carbone. Si l’on opère cette substitution, la ration, naguère capable de maintenir l’organisme en équilibre, devient insuffisante. L’animal diminue de poids ; il perd plus d’azote par ses excrétions qu’il n’en récupère par son régime. Une telle situation prolongée deviendrait insoutenable. Elle est la condamnation de l’opinion que l’alcool équivaut isodynamiquement aux autres alimens.
Les expériences de Chauveau concluent dans le même sens. M. Chauveau substitue dans la ration du chien 48 grammes d’alcool à 84 grammes de sucre, quantité théoriquement capable de fournir autant d’énergie et de chaleur, et l’animal n’a pu tenir son équilibre ; il a perdu du poids ; il a fourni moins de travail.
L’expérience d’Atwater donne un résultat contraire à ceux-là. La question reste pendante. Qui a tort ? Qui a raison ? Au point de vue pratique, le résultat est indifférent.
A. DASTRE.