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l’occupe dès 8 heures du matin, pour tendre la main à la 2e armée prussienne dont les pointes d’avant-garde sont à la même heure vers Kœniginhoff, sur la rive gauche de l’Elbe, à 15 kilomètres de distance. Le prince royal vient de recevoir l’ordre de l’amener au plus vite tout entière, sur le flanc droit de l’armée de Benedeck.

« Or, à 8 heures du matin, de toute la 2e armée, il n’y avait en marche sur la rive droite de l’Elbe que le VIe corps prussien, dont l’effectif était très faible, avec les avant-gardes du corps de la garde et du 1er corps qui s’étaient mis en route quoiqu’ils n’eussent encore reçu aucun ordre de départ. » (Campagne de 1866, Section historique prussienne.)

On sait le reste. Au moment où le roi de Prusse, voyant l’offensive du prince Frédéric-Charles arrêtée ou repoussée partout, toutes les réserves engagées et la troupe à bout de forces, va donner l’ordre de la retraite, la 2e armée entre enfin en ligne II est midi. L’armée autrichienne reste figée dans ses positions, tandis que le prince royal amène constamment de nouvelles forces et, vers 3 h. 30 du soir, les armées prussiennes réunies et soudées procèdent à une attaque générale, en convergeant sur le plateau de Chlum. L’infanterie autrichienne est refoulée en désordre sur l’Elbe.

C’est alors seulement qu’intervient la cavalerie. Elle se dévoue brillamment et montre, en protégeant la retraite de l’infanterie et en tenant tête partout à la cavalerie prussienne, dont elle arrête la poursuite, ce qu’on aurait pu attendre d’elle si, au lieu de la conserver pour atténuer la défaite, on l’eût employée pour concourir au succès.

Or, on l’a vu : à 8 heures du matin, la plus grande partie de la 2e armée prussienne n’avait pas encore franchi l’Elbe. Cette armée avait, tout entière, passé la nuit du 2 au 3 juillet sur la rive gauche du fleuve.

A 11 heures du matin, les têtes de colonne de la garde et du VIe corps prussien atteignaient à peine la Trottina et se trouvaient encore à près de 6 kilomètres de la division Fransecky : le reste de la 2e armée s’échelonnait jusqu’à l’Elbe.

La section historique du grand état-major prussien s’étend avec complaisance sur les difficultés de parcours que rencontrèrent les troupes du prince royal dans leur marche au combat. Que serait-il donc arrivé si les 116 escadrons et les 10 batteries