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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 14.djvu/168

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cause commune avec les Beni-Ouaraïn et ne parle que berbère ; ils sont depuis longtemps en relations avec le Maghzen ; ce sont eux qui, en 1875, battirent complètement l’armée de Mouley el-Hassan, qui dut lui-même s’enfuir à pied, sans armes, et n’échappa qu’avec peine. Depuis lors, ils s’étaient soumis, au moins pour la forme, mais aucun caïd n’a jamais osé se risquer parmi eux ; l’espoir du pillage, les mauvais bruits répandus sur le Sultan, l’influence du mokaddem de Mouley-Idris, peut-être aussi la crainte de voir l’armée impériale s’établir à Taza et leur arracher leur proie, les ont décidés à marcher à la suite du prétendant Guerriers redoutables, cavaliers agiles, armés du remington, ce sont eux qui, dans la première rencontre, ont battu les soldats du Maghzen : vaincus à leur tour, ils n’ont pas déposé les armes et restent fidèles à la cause de Bou-Hamara, qui a épousé la fille d’un de leurs principaux chefs et qui paraît s’être réfugié dans leurs montagnes.

A leur suite, ils ont entraîné leurs voisins du Nord-Ouest, deux petites tribus des Djebala qui habitent les plateaux, sur la rive droite de l’oued Innaouen : les Tsoul et les Hiaïna. Tsoul, tribu montagnarde, ne fournit que des fantassins ; armés du remington, que la contrebande espagnole fournit abondamment à toutes les tribus du Rif, des Brâber et des Djebala, les hommes sont bons tireurs ; ils savent fabriquer la poudre, fondre les balles, réamorcer les douilles ; mais leurs cartouches sont mauvaises et leurs projectiles ne sont pas de calibre ; leur feu est à peu près sans efficacité au delà de 200 mètres, car ils ne savent pas se servir de la hausse. Les Hiaïna ont un millier de cavaliers, armés du remington et d’une sorte de faucille emmanchée au bout d’un long bâton qu’ils appellent le mekhtaf et qu’ils manient avec une grande dextérité. Il semble aussi que des contingens soient venus à l’insurrection des tribus arabisées nomades qui parcourent les steppes du Dahra, notamment des Oulad-el-Hadj.

Les Riata et leurs alliés pouvaient mettre en ligne des forces déjà sérieuses, mais insuffisantes pour venir à bout de la puissance du Sultan. L’avenir de l’insurrection dépendait des deux grandes tribus du moyen-Atlas, les Beni-Ouaraïn et les Aït-Ioussi. Les Beni-Ouaraïn sont la plus nombreuse tribu des Brâber ; ils peuplent les revers occidentaux du moyen-Atlas, entre les crêtes qui dominent le bassin de la Moulouya à l’Est, l’oued