aux obligations qu’ils auront assumées. Que les conseils municipaux le fassent de gaieté de cœur, il faudrait les connaître mal pour le croire. Aussi M. le ministre de l’Instruction publique vient-il de déposer devant la Chambre un projet de loi qui, pour la construction d’office des maisons d’école, supprime purement et simplement la plupart des garanties qui avaient été laissées jusqu’ici aux communes, et confie aux préfets le pouvoir en quelque sorte dictatorial d’ordonner les constructions, de choisir les architectes, de dresser les plans et devis, et finalement d’ouvrir au budget communal le crédit destiné à la dépense. Une loi du 21 mars 1883, complétée par un décret du 7 avril 1887, avait institué toute une procédure pour la construction d’office des maisons d’école. Cette procédure, précisément parce qu’elle était sage, était un peu lente. Tout en exerçant sur les communes une pression qui avait finalement pour objet de leur faire violence, on donnait des sauvegardes à leurs intérêts, et on prenait des précautions contre ce que pouvait avoir de trop brutal l’arbitraire d’un préfet qui aurait voulu faire du zèle. Ces précautions, le nouveau projet en fait table rase. On n’a plus d’autre souci aujourd’hui que d’aller vite, d’atteindre le but tout de suite, d’en finir brusquement avec des discussions qu’on juge oiseuses. Et ce désir d’être expéditif était allé si loin que le gouvernement s’était mis d’accord avec la Commission du budget pour incorporer le projet sur la construction d’office des maisons d’école dans la loi de finances. Les protestations qui se sont élevées l’y ont fait renoncer : il y aurait eu sans doute une discussion difficile, terminée par un vote de disjonction, soit à la Chambre, soit au Sénat. Néanmoins le projet de loi est maintenu, et il est à coup sûr un des plus significatifs et suggestifs qui aient été présentés dans ces derniers temps. On ne veut plus de délais ; la politique actuelle n’en comporte pas. On ne veut plus de résistances, d’où qu’elles puissent venir, La République qui semblait devoir être, en même temps qu’un gouvernement économe, un gouvernement favorable à l’extension des libertés communales, restreint au contraire, ou se propose de restreindre ces libertés en même temps que quelques autres. Un gouvernement à tendances jacobines comme le nôtre devait tomber dans les excès de la centralisation. Le projet de loi sur la construction d’office des maisons d’école en est une preuve, et non pas la seule.
Malgré tout cela, il s’en faut de beaucoup que la situation de ce gouvernement, ou du moins du ministère qui le représente, se consolide. Non pas qu’il soit exposé à un danger immédiat : personne.