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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 14.djvu/247

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SOUVENIRS D’UN DIPLOMATE

LA DÉLÉGATION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
A TOURS ET A BORDEAUX (1870-1871)

Je n’ai pas l’intention de retracer ici l’histoire de la diplomatie du gouvernement de la Défense nationale. Plusieurs écrivains de marque, M. Jules Favre, plaidant pro domo sud, MM. Albert Sorel, Valfrey, Ch. de Mazade, ont raconté et jugé l’ensemble des négociations qui se sont poursuivies depuis le 4 Septembre jusqu’à la paix de Francfort à travers la fièvre obsidionale et au bruit du canon. Je voudrais seulement indiquer d’après mes souvenirs personnels les principaux épisodes de la mission spéciale qui, sous le nom de Délégation des Affaires étrangères, a été chargée à Tours et à Bordeaux de correspondre avec nos agens et d’entretenir nos relations avec les Puissances neutres pendant que Paris était séparé du reste du monde. Il m’a été donné d’en faire partie ; j’ai été témoin de ses efforts continus, de ses pourparlers énergiques, du labeur qu’elle a consacré à la sauvegarde de ce qui subsistait encore de notre situation en Europe. Il ne lui appartenait pas de conduire les événemens ou de prendre les résolutions réservées au gouvernement responsable de notre politique et de nos destinées ; mais elle a joué un rôle assez considérable au cours de cette période pour qu’il soit intéressant de rappeler ce qu’elle a été, ce qu’elle a fait, et d’étudier le concours qu’elle a prêté à l’œuvre commune, les services qu’elle a rendus dans toutes les circonstances où elle a pu exercer