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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 14.djvu/615

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L’empressement irrésistible vers ce nouveau mode de transport montre à quel point il nous manquait, à quels besoins répond sa venue tardive ! Les cliens du Métropolitain se composent, pour partie, de gens qui allaient à pied et, pour faible partie, de gens qui allaient en fiacre ; le plus grand nombre ont, déserté les omnibus, les tramways, les bateaux. L’offre de nouveaux moyens de locomotion multiplie le trafic général ; mais son accroissement n’est pas infini : la preuve, c’est la décadence d’entreprises anciennes, l’échec de quelques nouvelles.

Le chemin de fer souterrain, à mesure que ses branches se ramifieront sous le sol, ne supportera guère de concurrens. Il tuera, pour notre bien et notre bon plaisir, les lents et massifs véhicules, empêtrés les uns dans les autres, aussi souvent arrêtés qu’en marche, que nous possédons aujourd’hui. Plus légères, plus nombreuses, moins chères, moins formalistes, et par conséquent plus rapides, d’autres voitures, à traction animale ou mécanique, les remplaceront. Des bouches du Métropolitain elles recueilleront les voyageurs qu’il jette à la surface, et lui en verseront d’autres, amenés par elles. C’est à quoi la Compagnie des Omnibus se prépare, en cherchant à se transformer.

Une fois de plus la capitale se modifiera ; elle se videra au milieu et se remplira sur les bords ; ses quartiers vont se niveler ; leurs privilèges anciens vont disparaître, ou mieux s’échanger : l’habitant du centre, celui des faubourgs ou de la banlieue, auront, à vingt minutes de leurs logis respectifs, qui le grand air et le soleil, qui les affaires et les théâtres. Les Parisiens du XXe siècle, pour se dérober à la persécution des voitures qui encombrent la chaussée, et pour communiquer aisément entre eux, ne pouvaient mieux faire que de se réfugier dans ces catacombes électriques.


VTE G. D’AVENEL.