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conserver sa liberté d’action, mais la sommation prussienne ne le lui permit pas. Il refusa d’obéir. La Hesse et la Saxe firent de même.

Le soir du 15 juin, la guerre leur est déclarée ; le 16, ils sont envahis. Guillaume écrit à Bismarck : « Ainsi les dés sont jetés. Dieu seul sait quelle sera la fin de ce commencement : ou bien nous vaincrons, ou bien nous supporterons avec honneur la destinée que le ciel assignera à la Prusse. » Les Prussiens étaient dès le 15 dans le Hanovre ; ils y étaient entrés en invoquant leur droit à la route militaire ; on les avait admis sans difficulté, mais au lieu simplement de passer, ils s’étaient arrêtés et livrés à des violences agressives. « Comment doit-on les traiter ? » avait télégraphié Manteuffel à Bismarck : « En amis, si on le peut, sinon mortellement. »

Bismarck se crut dispensé d’une déclaration de guerre régulière à l’Autriche. Les chefs d’armée reçurent l’ordre de notifier aux avant-postes par des parlementaires que le roi de Prusse avait envisagé comme une déclaration de guerre à ses peuples les sommations et explications du gouvernement autrichien dans les séances des 11, 15 et 16 juin.

Le 17, il fit savoir à l’Italie que la guerre se trouvait virtuellement déclarée entre la Prusse et l’Autriche et que, par conséquent, il s’attendait à ce que l’Italie commençât immédiatement les hostilités. La Marmora partit pour l’armée, et le 19, de son quartier général de Crémone, il envoya la déclaration de guerre à Mantoue. Victor-Emmanuel de son côté écrivait le lendemain à Napoléon III : « Monsieur mon Frère, je préviens Votre Majesté que, fidèle à la convention faite avec la Prusse, je viens, ce matin, d’envoyer déclaration de guerre à l’Autriche ; mon armée qui se trouve en face de l’ennemi est en ce moment forte de plus de 250 000 hommes actifs ; j’ai une réserve de 50 000 hommes et bientôt je puis en avoir une autre égale. Je pars demain matin pour prendre le commandement de l’armée : j’ai le cœur gai et beaucoup de foi dans l’avenir. Je remercie Votre Majesté de tout ce qu’elle a fait pour nous et vous prie de ne pas nous oublier et moi en particulier, qui suis de Votre Majesté le bon frère. » — L’Empereur répondit : « Je remercie Votre Majesté de sa lettre ; mon rôle de neutre ne m’empêche pas de faire des vœux pour le bonheur de Votre Majesté et l’indépendance de l’Italie. »